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Savoir, Silence et tranquillité de la vision...

Tarka Tyaga Mouna Desha kaala Bandha Dehasamya Drishtisamya




 Les Vedas, les Upanishads, les Tantras, le Hatha-yoga Pradipika, la Gheranda Samhita, les Sutras du Raja yoga, sont des textes sacrés qui sous-tendent la connaissance des pratiques yoguiques et méditatives.
L’octuple voie incontournable de l’asthanga yoga (Yamas, Niyamas, Asanas, Pranayama, Pratyahara, Dharana, Dhyana et Samadhi) s’avère être commune à nombreux de ces textes " le yoga aux huit branches "

Bien que citée systématiquement pour tout enseignement de ces connaissances, elle n’est pas l’apanage d’un seul chemin. Il faut lui rajouter huit facettes essentielles nécessaires à toute pratique spirituelle, quelque soit sa nature ;

 Tarka, le savoir

 Tyaga, le renoncement

 Mouna, le silence

 Desha le lieu

 Kaala, le temps

 Bandha, les verrouillages

 Dehasamya, la tranquillité du corps

 Drishtisamya, la tranquillité de la vision

Tarka, le savoir

Maheswari et moi-même insistons depuis longtemps auprès de nos élèves pour qu’ils deviennent des chercheurs spirituels, des chercheurs de connaissance.
Bien que je respecte la démarche de certains qui consiste à ne venir pratiquer que l’aspect physique du yoga, j’ai toujours en les regardant pratiquer du recul. La dimension de la réflexion et de la connaissance semble en suspend, à moins qu’ils ne reçoivent un enseignement théorique ailleurs, auquel cas, ils consomment à la carte et ne sont pas assurés de la cohérence des informations reçues.
Comprendre les techniques que nous sommes en train d’appliquer est le minimum essentiel à toute pratique.

La pratique ne va pas sans la réflexion

Tarka est donc pour un pratiquant, cette aptitude à connaître les différents niveaux relationnels qui existent entre une posture et les plans émotionnels, intellectuels, psychiques ou spirituels.
C’est donc par ce savoir que nous pouvons clarifier dans notre esprit, les tenants et les aboutissants de notre pratique et de nos actions. Certaines personnes, cultivées et douées de capacité d’analyse et de réflexion intellectuelle, se comportent néanmoins en vrais rustres lorsqu’elles se trouvent dans un lieu spirituel. Elles peuvent même être violentes dans leur rapport à leur propre corps, lors du travail postural.

Mais l’égo est fort, trop fort pour entendre ! .

Tyaga, le renoncement

Dans notre société contemporaine où toutes nos actions sont orientées dans le but d’acquérir quelque chose, que ce soient des biens matériels ou des compétences, « renoncer » fait l’office d’un vent glacial qui passe dans le dos de nos consciences.
Hors, le renoncement souhaité pour avancer sur le chemin spirituel n’est pas comme on pourrait le croire, la renonciation à sa liberté mais au contraire le fait de la découvrir. En effet, les sages nous invitent à pratiquer la distanciation entre le mental et les objets qui asservissent nos « Jnana Indriyas », à savoir nos organes des sens.

Sans abandonner veaux, vaches et cochons ou porsche, maisons secondaires et croisières, il nous est demandé d’apprendre à éduquer ces organes de la connaissance afin de se libérer de désirs grossiers et asservissants.

Nos attachements et nos justifications sont très grands, et la notion de désir est très enracinée depuis la plus tendre enfance.
Nous aimons posséder, nous aimons nous attacher à quelqu’un ou à quelque chose, à tel point que ce serait une torture pour beaucoup d’entre nous, d’offrir un objet qui nous est cher à une personne inconnue, voire que nous n’apprécions guère.

La meilleure des pratiques serait de commencer par faire cette donation afin d’identifier ces mécanismes en nous. C’est cela l’étude de soi ; savoir tester par des petites actions insignifiantes en apparence nos attachements et notre faiblesse intérieure. Car combien est grand notre conformisme et notre matérialisme !

C’est pour cela que l’ascèse est plus puissante lorsqu’elle se passe dans des conditions un peu difficiles ; elle le sera d’autant plus pour les personnes nanties à la naissance, car elle permet de déraciner ces besoins irrésistibles.

Nous avons, Maheswari et moi-même, été bien souvent mises à rude épreuve en Inde par Swamiji.
Beaucoup d’occidentaux s’y sont frottés et n’y sont jamais revenus, oubliant Swami et le Yoga. .

Mouna, le silence

Oh ! Combien est-il précieux ! et combien d’entre vous sont véritablement handicapés par les discussions inutiles. Il en est même pour qui cela est une véritable maladie que l’on appelle la "logorrhée". Médicalement, on la définit d’ailleurs comme un « trouble du langage caractérisé par un flot abondant de paroles débitées rapidement sur de longues périodes » Certains se reconnaissent-ils ? Sri Satchidananda yogi était en silence et grande était sa force intérieure.
Le silence que nous émettons de soi est le reflet de l’absolu et de l’harmonie en nous.
Parler abondamment est très souvent source de problèmes pour soi et pour les autres.

Parler est l’extériorisation de la conscience par un acte physique. En allant chercher la force musculaire et l’air dans le ventre et les poumons, nous faisons là un acte qui peut devenir épuisant, car il mobilise beaucoup d’énergie physique et mentale.
C’est de toute façon, un moyen de s’éloigner du Soi qui est en nous. Le silence et le contrôle de la langue, inverse le processus afin de nous ramener à l’essentiel et à la racine de notre conscience.
Une personne qui trouve des excuses pour ne jamais se taire, ne trouvera jamais la paix mentale, et sera toujours dépendante de l’agitation des énergies émotionnelles, intellectuelles et prâniques.

Desha le lieu

Cet aspect est très important car l’environnement doit permettre le travail intérieur, surtout pour ceux qui s’engagent dans une Sadhana intense et profonde.
Bien sûr, nous ne sommes plus aux temps védiques où les ascètes se réunissaient en camp de travail au milieu de la forêt ou bien s’isolaient dans des ermitages.
D’ailleurs les vrais ermitages étaient toutefois à proximité des villages afin que nourriture et sécurité soient assurés.
Il a toujours existé cependant des cas extrêmes d’isolement.

Aujourd’hui le monde a terriblement évolué. Nous sommes plusieurs milliards et cela fait du bruit. De plus, nous communiquons sur la toile du web et notre monde est devenu un grand village électronique. Et pourtant, le lieu de vie est important, de plus en plus peut-être.

Quand un lieu s’impose à vous dans la vie, c’est qu’il est temps d’investir cet endroit car vous y avez quelque chose à faire.
Ce lieu n’est pas forcément l’endroit idéal dont vous rêvez, d’autant plus si vous êtes dans une sadhana.

Il y a des lieux de vie où tout coule, tout s’enchaîne, il y des lieux où tout est pénible, où l’on doit lutter

Les lieux que nous traversons dans notre existence dépendent de notre niveau d’évolution spirituelle

Kaala, le temps

Combien d’entre vous, viennent très souvent me demander après un cours, comment faire pour méditer ?
Combien de débutants me demandent au téléphone, comment faire pour pratiquer le yoga ?
Dès que j’explique en deux mots les horaires ou le temps nécessaire à cela, je m’entends dire ;

Ah mais je n’aurai pas le temps !

Alors pourquoi poser la question ?

Nous sommes là au cœur du problème !
L’on veut se libérer de la souffrance mentale ou physique, du poids des habitudes, changer sa vie, prendre de bonnes résolutions, essayer d’évoluer et de réfléchir, mais l’on ne s’accorde aucun espace temps pour le faire.
Cela est insoluble et je ne peux pas pratiquer à votre place.
Combien de temps disponible trouvez-vous dans une journée pour faire des choses inutiles, à commencer par des bavardages.
Mais tout le monde sait bien que c’est la faute des autres !!!!

Bandha, les verrouillages

  • Moola Bandha, est la contraction du périnée (Mooladhara chakra)
  • Uddiyana Bandha est la contraction du ventre ( Manipura chakra)
  • Jalandhara bandha est la contraction de la gorge (Vishuddha chakra).


Les Bandhas appartiennent au hatha-yoga et sont des techniques puissantes ayant pour but d’orienter le prâna dans les Nadis, voir Bandhas.

Associés très souvent avec les pranayamas, ils canalisent l’instabilité des énergies prâniques.

Mais leur fonction consiste aussi à être des verrouillages psychiques

Le mental étant fait de Prâna et de Conscience, contrôler les Bandhas, c’est contrôler les énergies mentales. Ils interviennent à ce niveau dans les exercices de Pratyahara, (retrait des sens ) et Dharana, (concentration).
Autrement dit, les émotions telles que la colère, le désir, la haine, etc. ne seront sous le contrôle de la conscience que si leurs énergies par lesquelles elles s’expriment, sont canalisées.
Cela fait, les Bandhas peuvent ensuite éveiller la Shakti, la kundalini.

Dehasamya, la tranquillité du corps

Pour beaucoup d’entre-vous, vous n’avez l’expérience véritable de la tranquillité du corps qu’en posture (Asana) ou en relaxation (yoga Nidra).
Et encore !
Lorsque je vous invite en cours, à tenir une posture tout en fermant les yeux ou en faisant un Mudra particulier, combien d’entre-vous luttent avec un mental dispersé !
Les sens sont tournés à l’extérieur et la posture du voisin est presque plus importante à vos yeux, du moins pour les néophytes.
Pourtant, si l’on vous regarde, le cours est silencieux et les pratiquants immobiles.
Votre conscience du corps est relative. Elle est dans la salle de pratique à l’image de votre comportement dans le monde.

La stabilité physique des Asanas de yoga est incontournable, mais il vous est demandé de développer également à l’extérieur cette conscience du corps dans vos actions quotidiennes

.

Combien de personnes arrivent en massage avec des douleurs qui relèvent de ce manque de perception du corps ?
Ainsi des contractures se forment un peu partout à la fin d’une journée de travail. Ces personnes ont oublié de réajuster le corps lorsque ce dernier le demandait.
Elles ont maintenu une position conflictuelle pour leur structure physique. L’on parle alors du stress. Certes, il y est pour quelque chose ; mais n’oublions surtout pas le manque de conscience que nous avons de ce stress dans l’instant présent et le manque des outils lorsque nous devons le gérer .

Drishtisamya, la tranquillité de la vision

Cette faculté yoguique doit là encore être prise très au sérieux, si l’on désire atteindre des capacités psychiques supérieures.
Drishti est la vision, et nombreux sont les Mudras qui la sollicitent. voir Mudras
Cet aspect de la pratique s’attache donc à parfaire l’organe de la vue mais surtout à développer les facultés de perception du mental et de la conscience.

La nature des organes des sens est d’être sollicitée et absorbée par les distractions extérieures. A ce moment là, les informations venant du monde extérieur deviennent de la nourriture visuelle pour notre mental.

Or, Drishtisamya, c’est justement l’art pour le mental et les sens, d’être concentrés sur un seul but ! Que l’on soit en train de travailler ou de s’adonner à des activités de plaisir, le mental restera stable et concentré si vous pratiquez cette tranquillité de la vision.

Poser sur les actions de ce monde un regard permanent, tranquille et conscient, amène assurément la perfection dans la réalisation de ces dernières

voir histoire "Qui a tiré ?"

Dans le processus de l’initiation spirituelle (Darshan, Shaktipat ) d’un maître envers un disciple, il y a quatre degrés possibles.


 L’initiation se fait par le toucher (illumination sur un chakra)

 L’initiation se fait par le son (illumination par la prononciation d’un mantra)

 L’initiation se fait par la vision (illumination par le regard)

 L’initiation se fait par le mental (illumination par la connexion mentale)

Les deux dernières sont parmi les plus rares et les plus élevées.


Voilà donc les huit grandes attitudes que les sages nous invitent à appliquer dans nos actions quotidiennes afin que notre vie elle même soit le terrain de la pratique.
Alors nos vieux modes comportementaux peuvent changer et avec eux changera la vision qu’ont les autres de vous.
Douceur, force, patience, écoute et connaissance deviennent alors vos qualificatifs ;
Ils sont l’antichambre de la véritable initiation spirituelle.

Les yeux d’Osho

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