La maturité spirituelle
Conférence donnée par Jaya le 17 mai 2013 en cours de méditation
Nous avons la chance de travailler ensemble à l’art de l’éveil de la kundalini.
Cette voie s’occupe à éveiller les centres énergétiques en nous et à endiguer les nadis de prâna, à savoir l’énergie.
Dans cette science, nous nous occupons de l’expérience de la structure prânique dans le corps, mais qu’en est-il de nos expériences dans le domaine de la conscience ? Par cette pratique énergétique puissante, des modifications surviennent en nous parallèlement à cet éveil du prâna et à cette montée du niveau vibratoire.
Derrière la sensibilisation des chakras, bien des choses se passent au niveau du mental. Les chercheurs spirituels que nous sommes se doivent de prendre conscience des changements qui s’opèrent dans notre mental, nos mécanismes de perceptions, nos facultés d’analyse et nos nouveaux modes de pensée.
L’évolution spirituelle se réalise en fait à tous les niveaux de l’être, et les exercices ne sont pas anodins.
L’énergie réveillée dans le corps est un vecteur pour les transformations mentales et l’évolution de la conscience. Le kriya yoga travaille donc sur les sept plans de conscience représentés par les sept chakras.
Mais les pratiques méditatives qui en découlent travaillent quant à elles sur les lokas. Les lokas sont les plans de l’être dans sa dimension plus cosmique. Ils symbolisent les expressions subtiles de la conscience lors de la montée de Sri Shakti.
Bhu correspond à mooladhara,
Bhuvah à swadhisthana,
Suvah à manipura,
Mahah à anahata,
Janah à vishuddha,
Tapah à ajna,
Satya à sahasrara.
Pour le yoga, la réalité a deux aspects. Une apparente et changeante, Ritam qui obéit au principe de transformation et l’autre immuable et non changeante, Satyam.
L’éclosion d’une fleur, la chrysalide, la naissance d’un organisme vivant, relèvent de la réalité changeante. Nous-mêmes changeons en permanence.
Alphonse Allais, écrivain humoriste (1854-1905) répondait lorsqu’on lui demandait son âge. "Mais c’est impossible de vous réponde, il change sans cesse !"
La réalité immuable quant à elle représente cet aspect dans le vivant qui le sous-tend et ne change jamais.
Notre conscience de vie, notre énergie de vie, la perception de notre être a quelque chose d’immuable.
Les mécanismes mentaux qui évoluent dans la vie appartiennent à la réalité changeante. Qui plus est avec l’éveil de la shakti, car ils sont plus profonds et plus subtils.
Lorsque l’énergie ou la kundalini traverse les plans de conscience subtils ou lokas des chakras, elle crée ces changements.
Pour donner sa dimension spirituelle à la pratique du kriya yoga, il est fondamental d’avoir en parallèle une pratique méditative. Ceux qui en font l’impasse ne progresseront que très lentement dans le processus de réalisation.
Les effets énergétiques resteront sans explications devant les changements de la conscience.
Dans le yoga, il est important de savoir ce que l’on fait et ce que l’on est en train d’expérimenter.
Trop de pratiquants cherchent des recettes et désirent aller mieux ou bénéficier de pouvoirs sans avoir à se remettre en question ou à analyser en profondeur et avec objectivité ce qui se passe.
En ce moment, je me trouve confrontée avec certains d’entre vous à la problématique de votre immaturité spirituelle. Ceux qui me sont chers parce que près de moi sur ce chemin difficile depuis de si nombreuses années, ont besoin d’être encouragés à prendre conscience de la nécessité de s’engager davantage dans le chemin de la connaissance de soi. Cet engagement n’est pas un attachement à ma personne, mais un engagement à eux-mêmes afin que la recherche spirituelle prenne sa pertinence.
En faisant confiance à l’enseignement que vous avez reçu, vous avez matière là à approfondir les savoirs pour que votre pratique à mes côtés prenne l’envergure qu’elle se doit, pour que nous gravissions ensemble les marches suivantes.
Vous devez apprendre à faire confiance à la conscience supérieure qui a été développée en vous et avec laquelle vous ne savez pas encore clairement dialoguer.
Dans votre pratique, vous devez porter le regard d’abord sur l’aspect global dans votre vie, aux niveaux physiques, émotionnels, psychiques, énergétiques et observer tous les changements comportementaux que la pratique a entraînés.
En reprenant en détail chaque domaine, il vous faut ensuite analyser les effets plus subtils, plus sensibles car plus spécifiques à telle pratique, ou à telle zone.
Certains élèves, se disent au début de la pratique en kriya yoga, plus agressifs, plus sensibles, plus émus, plus susceptibles.
Je vous ai toujours prévenus que la pratique n’était pas anodine et que l’engagement dont je parlais tout à l’heure met aussi l’accent sur votre responsabilité dans la gestion des facultés que vous cherchez à faire émerger.
Lorsqu’à la fin d’un cours, vous venez me trouver en me demandant quoi faire avec un swadhisthana qui s’emballe et votre nouvel appétit sexuel ! Si je vous dis en riant, "Bien, voilà qui est bien !" et que vous me dites : "mais mon mari est en voyage !" et que je vous dis : "prenez un amant !", il va s’en dire que si vous ne reconsidérez pas à la lettre ma provocation, c’est que vous manquez de maturité spirituelle.
Soit cet éveil est le bienvenu et votre désir dormait comme celui de la belle au bois dormant, et dans ce cas-là, il est temps qu’il se réveille et que vous assumiez avec la personne aimée, ces nouvelles prouesses.
Mais vous avez surtout à reconsidérer cet éveil par la méditation, la réflexion et le raisonnement, afin de ne pas voir l’évolution d’un chakra comme un simple effet énergétique que vous allez subir, en bien ou en mal d’ailleurs.
En ce qui concerne swadhisthana, c’est aussi avec cet éveil du désir sensuel, que certaines peurs et le sentiment d’insécurité surviennent.
Par la méditation sur ce chakra, par la visualisation de son diagramme, vous pourrez par exemple accéder à la compréhension plus subtile de son éveil et la traversée de son plan de conscience.
Ainsi votre énergie sexuelle, plus épanouie et plus subtile non seulement vous comblera mais sera libérée de son granthi, de ses nœuds, facilitant le passage de l’énergie vers les plans supérieurs, car accompagnée de la conscience.
Vous passez d’une sexualité ordinaire à une sexualité transcendante.
Celui qui, sans quête et sans alchimie spirituelle, consomme les énergies qui lui sont données au départ, restera prisonnier, nous dit swami Paramahamsa.
Le corps endormi est la demeure des dieux endormis. Dans les profondeurs de la terre et du mooladhara, le serpent femelle est endormi et ne peut transmuer.
L’aspiration possible vers le haut représente pour l’être humain, la porte, la voie de salut pour qu’il s’arrache de la terre et du poids du déterminisme de la vie ordinaire.
Mooladhara est appelé dans ce cas le trou noir, où les énergies divines sont aspirées. La nature transcendantale de l’existence n’a pas encore émergé.
Vishuddha est le trou blanc, la porte blanche, symbolisé par le yantra de l’éther, un cercle blanc et pur. Par elle, le transcendant descend vers les plans inférieurs afin de s’y manifester.
Dans la Bhagavad Gîta, il est donné la description de l’arbre de vie inversé dont les racines partent des plans supérieurs, plongent dans l’akasha, l’élément qui donne naissance aux autres.
Anahata forme son tronc et manipura ses branches, indiquant que la vitalité se répand dans les plans inférieurs, nourrissant la vie.
La vitalité nous vient donc non pas de la terre, mais du ciel.
Swadhisthana contient les milliers de feuilles de l’arbre illustrant les karmas engrangés dans les niveaux profonds de l’inconscient et Mooladahra possède les fruits que nous mangeons chaque jour, à savoir ceux qui nous consument.
C’est pour cela que le yoga tente de ramener les forces prâniques vers le haut.
En yoga, mooladhara et vishuddha sont deux chakras très importants, alors que beaucoup d’autres traditions spirituelles mettent l’accent sur anahata.
L’aspirant yogi doit faire tous les efforts pour remonter vers la source divine de vishuddha et se libérer de l’attraction souterraine de mooladhara. Ce dernier contient une force si aimantée par les samskaras (les impressions latentes) et les karmas que peu de personnes s’en détachent.
Maîtrisé, il vous propulse vers le haut et vers l’énergie divine.
Ainsi donc, le travail de l’aspirant est de s’accrocher à la moindre branche afin de remonter vers la source. C’est le travail progressif de la prise de conscience des chakras inférieurs vers ceux du haut.
A un niveau de maîtrise méditative, certains maîtres n’empruntent pas la remontée de l’arbre branche par branche mais tentent de se libérer puissamment de l’attraction de mooladhara en passant directement vers le néant. Soit ils tentent de passer au delà du trou noir de mooladhara, soit au-delà du trou blanc de vishuddha.
La méditation sur la mort est un exemple de cette pratique de dissolution méditative appelée le laya yoga, tout comme le sont les méditations sur l’éthérisation et autres, qui quant à elles, se dirigent vers le haut.
Ceux qui ont suivi mes cours de méditations depuis des années peuvent trouver là, la cohérence de nos expériences méditatives qui nous amènent à élargir la conscience d’un loka à l’autre.
L’invitation méditative à se jeter dans le néant rencontrera toujours des blocages intellectuels ou perceptifs chez le débutant, et notre dernière méditation a interpellé l’un d’eux qui ne pouvait concevoir de méditer sur l’inconnaissable.
La dimension divine s’acquiert avec la pratique au fil des années et les expériences gagnent en difficultés et subtilités.
Selon le yoga, il existe trois personnalités, la personnalité instinctive, la guerrière et la divine.
Les humains sont considérés comme des guerriers car ils se battent en permanence pour gagner quelque-chose, l’argent, la renommée, etc.
Le yoga de la dissolution, dit laya yoga, appartient aux personnalités divines qui ont grande capacité à transcender.
Les autres, les instinctives prennent les autres voies du yoga, plus graduelles.
La montée de la shakti de centre en centre, qui fait fondre les carcans mentaux progressivement et amènent les changements de la conscience de la même manière, est cette voie là.
C’est pour cela que la pratique de la méditation soutenue, parallèle au yoga, amplifie considérablement l’éveil en mobilisant plus puissamment la force de vie sollicitée.
Et par la pratique régulière de la méditation, le succès est assuré.
Jaya Yogacharya
Bibliographie : Yoga Darshan de Paramahamsa Niranjanananda .
swam édition.
commentaire et adaptation
Jaya Yogacharya
Messages
1. La maturité spirituelle, 23 mai 2013, 13:05, par Claire
Bonjour Jaya,
Votre conférence du 17 mai dernier fut pleine d’enseignements, il en résulte, comme à l’habitude, un certain questionnement.
Simplement Jaya, je voudrais vous témoigner ma reconnaissance d’avoir "ouvert la porte" sur une recherche de près de 40 ans... Il était plus que temps, non !?
Ma vie est différente depuis l’ores, car je pense avoir saisi une des branches de l’arbre de vie.
Comment vous remercier ??
Prenez soin de vous.
1. La maturité spirituelle, 23 mai 2013, 13:54, par Jaya
Trouver en vous-même votre dimension spirituelle, sera pour moi, le plus beau des remerciements. Jaya Yogacharya
2. La maturité spirituelle, 24 mai 2013, 12:52, par Nadège
Bonjour Jaya !
Quel article !!! Je l’ai lu, relu, et encore relu, il m’a fait rire et pleurer !
Rire parce-que je ne m’attendais pas à trouver ma question en exemple, et pleurer au passage "la vitalité nous vient donc non pas de la terre, mais du ciel", grosse montée d’émotion, pourquoi ???
Donc me concernant, ma sexualité étant assumée avec mon mari, avec moi-même et dans mes rêves (à la place de l’amant), ce sont les peurs et sentiments d’insécurité qui remontent, peur de ce monde (dans lequel j’ai choisi de venir j’en suis consciente), et alors que tout est fait pour que je m’y sente le mieux possible (famille - époux - famille spirituelle).
Je ne savais pas que naviguer entre deux mondes serait aussi difficile !
Et depuis le kriya, il y a tellement de bouleversement dans mon corps physique et émotionnel ! (bouleversements que j’accepte).
L’énergie est là, dans le dos surtout au milieu de la colonne vertébrale, et pendant la pratique en cours je la ressens sur toute la partie avant et parfois au niveau du front.
Si j’ai bien compris,je dois méditer sur ce chakra (vos questions sur mes connaissances de Mooladhara ne m’ont pas échappés), et essayer de grimper aux branches !
Merçi pour votre apprentissage et votre présence, (même si je la crains encore un peu) !
Amour et Lumière ! Nadège