Vīrya वीर्य
Que nous soyons en ces fêtes de fin d’année, pris dans le vacarme et l’effervescence générale des tropiques ou que nous soyons calfeutrés derrière la buée de nos fenêtres métropolitaines, assurément le contenu de notre mental seul, déterminera notre façon de vivre la situation.
Pour certains, ces moments ne seront que joie, explosion, excitation, ajoutés à leurs lots de problèmes, de conflits et de compromis. D’autres ressentiront un désir de repli, de calme, une volonté d’aller contre ce mouvement général, mais qui peut s’accompagner de solitude, de vague à l’âme, d’isolement.
Les deux situations, qu’elles soient de choix ou de coïncidences, peuvent donc être vécues chacune de manière heureuse ou malheureuse.
La vie n’est pas toujours satisfaisante. Nous sommes bien souvent en face de nombreux problèmes, anodins ou graves, qui ne disparaissent pas en période de fête. Pendant ces périodes, l’homme s’accorde en général le droit de ne pas y prêter attention. Il peut même choisir de les fuir pour une période plus ou moins longue dans la consommation de biens ou de nourritures, d’alcool, de drogues, de stress, d’émotions fortes, de plaisirs.
Il possède en lui "cette aspiration au bonheur " (mais quel bonheur !) et cherche tous les moyens pour s’en approcher. Les chemins qu’il prend pour y arriver sont suivis par contre à rebrousse-poil.
Sa faculté de s’enliser dans l’insolubilité de ses problèmes, enracine ces derniers bien davantage encore à chacune de ses actions.
Il connaît pertinemment les solutions radicales qui demandent du courage, mais il se laisse jusqu’à la fin des fêtes, pour fuir un peu plus le travail à faire. On ne sait jamais, peut-être que dans l’excitation générale, il aura un éclair, une idée lumineuse, une rencontre, qui vont l’amener à amorcer ce changement. Là encore, notre homme de "bonne foi" puise en lui cet éternel enthousiasme à s’aveugler lui-même.
"C’est que c’est dur la vie !" .
Ce qu’il y a en effet de dur dans l’existence, c’est de la comprendre et de se comprendre soi-même.
L’on a beau avoir acquis de nombreuses et diverses connaissances ainsi qu’une grande expérience, savoir retirer les clés du comportement parfait qui n’amène qu’au bonheur, voilà qui est une autre affaire !
Alors démuni devant l’inefficacité de ses nombreux efforts pour établir les bases de la paix intérieure, notre homme se tape la tête contre les murs de l’absurde.
Quel désarroi alors de devoir jouer une année de plus le jeu illusoire que les autres lui imposent, avec leur rite d’offrandes. Quand une société a perdu jusqu’à la profonde signification de ses propres rituels, elle entraîne ses enfants au jeu des marionnettes. Elles les réconforte à coups d’illusion.
Alors faisons semblant ! Car peut-être là encore, notre enthousiasme profond, non pas celui de surface, non pas celui qui joue le jeu, mais le vrai, le sensible, celui de nos rêves intimes, va renaître de ses cendres.
- Vīrya, c’est cet enthousiasme que l’on cherche dans les moments les plus noirs, les moments de grand désarroi. C’est cette puissance qui donne une foi sans faille, même si parfois cette foi rend l’homme si vulnérable qu’elle infantilise les plus durs.
- Vīrya, c’est la force de sourire et de remplir son cœur volontairement du nectar de la sagesse. C’est l’héroïsme face au malheur.
- Vīrya, c’est cet espoir que nous mettons tous dans notre acharnement à vivre.
Même inconscient de ses propres mécanismes, même en appartenant à une race nuisible, l’homme se maintient en vie. Et il fait la fête.
Si Vīrya n’existait pas, la race humaine serait vouée à très court terme à l’effet dévastateur de ses actions.
Ce qui la sauve, c’est l’amour qu’elle est encore capable de ressentir et de donner, c’est cette vaillance qu’elle met dans l’éducation de ses enfants afin de les guider vers un futur incertain.
C’est qu’elle protège ses petits, la race humaine, bien qu’elle les accouche sur des terrains minés !
Il y a enfin ceux qui, chaque jour de l’année, tentent de faire éclore en eux et pour leurs proches, cette fleur de la joie silencieuse, qui n’a besoin pour pousser qu’un peu de méditation quotidienne, qu’un peu de courage dans l’effort pour rendre la chair moins vieillissante.
Cette fleur, vous la verrez jaillir près des pieds d’un vieux yogi.
Si l’enveloppe terrestre de ce Maître devient de plus en plus transparente, n’oubliez pas qu’il lui a fallu Vīrya pour se porter lui même tout en nous guidant dans les jours sombres.
La vieillesse montre le chemin, Vīrya en est la terre battue que nous foulons.
Que vos moments de fêtes soient des moments tendres et de respect.
De nouvelles récentes de L’inde nous apprennent que Swamiji, avec son grand âge, a été un peu souffrant, mais que tout va mieux à présent.
Nous vous invitons à prier pour lui, à méditer pour lui. Envoyez-lui votre "Vīrya".
Om Śānti