Mūḍha मूढ
Ce vent qui dérange…
Sa folie arrive à pas de velours,
Je l’entends marcher depuis quelques temps.
Elle avance grimée comme un saltimbanque,
son rire dangereux prend l’air inoffensif.
Elle se farde un peu trop pour rester toujours belle,
le rouge et le teint deviennent signes évidents,
que quelque chose n’est plus à sa juste place.
Ce vent chaud qui dérange en plein hiver…
Elle touche ma raison de son inéluctable,
contamine peu à peu tous les soleils levants,
et tel un escrimeur qui avance et recule,
à nos cœurs donnants, elle pique et fait mouche.
Alchimiste du faux, de l’erreur et du vrai,
elle tente encore de sucrer nos repas.
Mets la table pour mille lorsque nous sommes un…
Ce vent qui persiste et porteur de larmes…
Il façonne les mots en enroulant les arbres,
fait tomber tous les fruits qui restaient à goûter.
Il souligne prémices par nous déjà sentis
au cas où le déni viendrait encore à jouer…
Gestes nouveaux, anarchistes vaincus,
façonnent leurs bouquets de l’entropique loi,
Quand la logique se cogne à ce qui se dissout.
Ce vent qui balance toutes les tentatives…
les bienveillantes et les précautionneuses.
Les pliures du corps asservi à l’aidance
sont autant de silences que l’on cache en soi,
sachant qu’elles ne guériront pas
ce pourquoi elles se meuvent, ce par quoi elles souffrent.
Le temps comme le vent, gifle nos joues roses
et vole à notre insu, notre vivante joie.
Ce vent qui dérange les lignes bien tracées...
l‘ordre esthète et le beau minutieux.
Les anciens choix s’effacent et deviennent du sable.
Les objets tant aimés perdent l’intention
de leur poseurs, et, gisants là sans vibrations,
maintiennent l’ancien décor pour le rêveur sans âme.
Où s’en est-il allé ? Dans quel âtre parallèle
son feu de vie s’active et parle nouveau langage ?
Ce vent qui dérange…
Jaya Yogācārya
Labenne le 24 nov 2024
Aux proches qui s’estompent et à tous les aidants …
©Centre Jaya de Yoga Vedanta Ile de la Réunion & Métropole
Remerciements à C.Pellorce pour son correctif