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"Ah ! Ce monde !"

Conférence du 27 mars 2024

5-image par yves

Nous revoilà sur le pont supérieur de notre majestueux trois mâts, traversant l’océan de l’existence. Après notre méditation commune, dans nos cabines intérieures respectives, nous sommes réunis à l’air libre, en réflexion partagée. La méditation calme et nettoie. Les vagues, (Vṛtti वृत्ति) se sont apaisées. Les nuages noirs du quotidien se sont estompés au lointain et le ciel dégagé, nous laisse entrevoir la promesse de nouveaux jours ensoleillés, la découverte de nouvelles contrées, si possibles bienveillantes, dont nous avons tant besoin.

Le chercheur spirituel est un aventurier dans l’âme, cherchant à se hisser vers les stades de la perfection humaine.
Si son chemin est celui de la marginalité et de l’individualité, sa liberté peut avoir le prix d’une certaine insécurité dans son rôle social.
S’il joue un rôle social d’enseignant ou de guide, alors son chemin doit être celui de l’exemple de la préservation.
Il reste surtout le témoin du monde.

Ah ! ce monde ! dont nous nous protégeons bien souvent dans la profondeur méditative sans jamais le lâcher du coin de l’œil. Nous travaillons depuis de longues années, à parfaire notre statut d’adulte par la pratique yoguique, en le rendant conscient, mature , apte à saisir les véritables enjeux de la vie, à contourner avec intelligence ses aléas, à nous débarrasser des peurs limitantes, à nous rendre plus forts mentalement, physiquement, et dans une certaine mesure, du fait que nous appartenons à une société humaine, à devenir plus libres en son sein.

La pratique est censée nous faire grandir individuellement. L’évolution de l’espèce humaine est supposée nous rendre plus civilisés, mais lorsque nous écoutons parler ce monde des hommes, lorsque nous le voyons agir, il n’a rien de bien réconfortant qui puisse corroborer nos espoirs.

Il est difficile de ne pas avoir cette impression récurrente de l’immaturité de notre société contemporaine, cet aspect se manifestant dans bien différents domaines.
Politique, technologique, scientifique, mœurs, modes, sont les terrains où elle s’exprime en majorité par des actions douteuses, des discours dangereux, des innovations technologiques appliquées sans recul, ou bien encore des théâtralités primaires se cachant sous des comportements soi-disant innovants.

Combien voyons-nous, entendons-nous de mots et de gestes inutiles nous parvenant de ce monde ! Il faut savoir pratiquer le Pratyāhāra प्रत्याहार, contrôler la langue, fermer les oreilles, et garder les yeux mi-clos parfois pour échapper à cette pollution mentale.
Comme il faut aussi au pratiquant, savoir, avec courage, voire presque avec audace, bien regarder, bien écouter, profondément l’autre quand cela est nécessaire.
Il lui faut comprendre ce monde-là !

Et qu’y a-t-il dans ce monde là ?
Il y a des très « intelligents », et c’est un euphémisme, qui tiennent le devenir du monde par leur puissance financière, technologique ou politique, qui avancent à découvert à vive allure et n’ont que faire de l’éthique bienveillante de l’homme sage.

Dans ce monde cacophonique, bavard et prétentieux, il n’a jamais été aussi important de filtrer toute information arrivant à notre insu.
Les discours subtils et profonds sont souvent éclipsés par le buzz du moment, quand ceux qui sont millénaires, ne sont pas réinventés par ignorance et justifiés par une démystification rationnelle.
La bêtise « shootée à l’égo » est légitimée et prend sa place d’honneur dans les médias.

En France, l’hémicycle de l’assemblée nationale en est un bel exemple. Nous pouvons y constater un saut en arrière qualitatif des échanges qui y sont tenus, ramenant presque cette chambre aux premières ambiances de l’opéra comique du XVII°, où volailles côtoyaient un public n’écoutant guère l’œuvre jouée. Aujourd’hui, nous y voyons encore et toujours des humains qui aboient, vocifèrent et joutent dans un langage peu évolué, lorsqu’ils ne sont pas eux-mêmes, absorbés par leur smartphone. Il y a une évidente dégradation de l’usage de la langue française au sein des institutions où elle devrait y être portée. Quant aux comportements en public, on se doit de jouer une désinvolture, supposée être le signe d’une grande aisance personnelle à la communication. Peut être que la jeunesse de bon nombre de députés d’aujourd’hui et des politiques en est la cause.

3-image par Niek Verlaan

La direction dans laquelle le groupe humain évolue n’illustre pas une maturité grandissante de ses individus. Le système se nourrit de la bonne volonté de ses membres mais la dynamique de celui-ci leur échappe.

Or, il est un fait observable : l’individu d’aujourd’hui est un homme paumé ! 
Sous ses airs arrogants, il reste inquiet, dubitatif, désabusé. Tels sont les qualificatifs de l’homme contemporain.
Paradoxalement, l’individualisme, poussé à outrance et censé nous libérer du poids des rôles familiaux, sociaux, semble davantage subi par un grand nombre d’individus que véritablement souhaité . Qui dit individualisme, dit devenir plus encore responsable, savoir construire une vie familiale mais aussi faire carrière et surtout, à travers cela ou autre hobby, se réaliser personnellement. Dans un monde de plus en plus compétitif, cela génère une grande source d’anxiété, beaucoup de stress et de fatigue.
C’est le prix à payer de l’émancipation personnelle si elle se fait au sein du système social.
En 2000, près d’un Français sur quatre et plus de la moitié des 18-25 ans avaient envie de créer une entreprise.
Fin 2022, on décomptait 4,3 millions de travailleurs indépendants, le statut auto-entrepreneur représentant plus de 50 % de l’ensemble des indépendants.
Nous pourrions y voir là un aspect aventureux et dynamiquement positif et créatif de se prendre en charge personnellement lorsqu’on est jeune avec l’énergie et le temps devant soi permettant la tentative.
Toutefois, qui dit initiative ne veut pas dire succès et combien retournent ensuite dans des rails sécurisés.
« Depuis plus de trois à quatre décennies, l’individu a perdu progressivement un modèle de socialisation et de comportement unique et homogène. S’offre à lui aujourd’hui une pluralité de registres dans la pensée et l’action » nous dit le sociologue Bernard Lahire,

En soi, cela semble plutôt enrichissant, mais les sociologues font le constat que les performances des années 80 - 90 ont produit beaucoup d’hommes et de femmes perdants, déçus et dépressifs . « Cette tendance à générer avec elle cette immaturité perpétuelle qui fait que l’âge adulte est de plus en plus indéterminé et ne représente plus clairement une référence de stabilité » réitère Lahire.
Cela a généré parallèlement, l’explosion des techniques de développement personnel et des pratiques spirituelles avec ces grandes modes du yoga et de ses nombreuses déclinaisons exotiques ou aseptisées.

Mais nombreux aussi sont ceux n’ayant pas fait cette démarche.

Aujourd’hui, les enseignants de la république, peuvent aisément faire le constat de la déperdition de la fonction éducative de nombreux parents de ces générations-là n’ayant pas fait de travail sur eux, enlisés par leur propre manque d’éducation et de maturité.
La conséquence est une déperdition de la qualité de l’apprentissage, du langage et du civisme ainsi qu’un irrespect grandissant des représentants de l’ordre et de l’enseignement.
Sans entrer dans la justification de telle couleur politique responsable de cela par les choix passés, nous pouvons observer à l’échelle de l’individu, que cette transformation sociale et comportementale fonctionne en mode dégradé.

Si les institutions n’inspirent plus le respect, est-ce dû à l’immaturité de nos gouvernants internationaux ?

Jamais n’a été aussi grande leur puissance. Dans les plus hautes sphères du pouvoir et à l’échelle mondiale, jamais la pensée humaine n’a été aussi dangereuse. L’intelligence, du moins, une certaine intelligence, côtoie de si près sa propre folie, que la bascule est possible à tout moment.
Il nous a fallu inventer une stratégie de dissuasion nucléaire pour nous garantir de cette folie potentielle. Quel paradoxe !
Comment voulez-vous croire, à partir de là, pour une majorité d’hommes et de femmes, à la puissance de l’amour et de la fraternité pour sauver ce monde ?

C’est une équation impossible. Le pape François estimait en avril 2023, que la politique mondiale faisait preuve d’immaturité et d’infantilisme belliqueux, étant incapable de résoudre les problèmes. L’intelligence étant justement cette aptitude à savoir résoudre un problème. L’homme sage quant à lui évitant d’en avoir.
Ainsi donc, l’homme contemporain n’a nullement appris les leçons du passé.
Toute stratégie politique commune internationale et l’idée d’une multipolarité harmonieuse des peuples est une véritable utopie .
Avec tout le respect, nul n’est besoin d’être pape pour le comprendre lorsqu’on saisit « l’indécrottabilité » de la nature humaine. Pardonnez-moi ce néologisme.

Adrien, élève en kriyā क्रिया avancé, en synchronisation avec ma pensée, attirait mon attention hier par un courriel, sur la démonstration récente et médiatique de la Russie à ne plus cacher ses actes de tortures dans son action punitive contre les derniers attentats terroristes. Le gouvernement russe ne faisant que confirmer sa dictature.
Je vous le cite. Il m’écrit ; « C’est à vomir. Même les animaux ne font pas cela. Une régression des droits humains qui, je le déplore, n’a que très peu d’échos dans la presse…C’est presque comme si l’on considérait que c’était normal… Alors que c’est une négation des droits humains fondamentaux : la torture n’a plus lieu d’être, en théorie depuis plus de 75 ans…. Même pour ceux qui on commis l’impensable, l’innommable, le pire. Article 5 de droits de l’homme du 10 décembre 1948 : « Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. »
Et l’on vend sur internet, fièrement, l’outil du supplice, (à savoir l’instrument qui a permis d’arracher l’œil du terroriste et qui a trouvé preneur !).
Voilà, le monde dans lequel nous vivons, en 2024 ! »

Oui Adrien !

A l’échelle du temps cosmique, notre évolution semble être une petite plaisanterie, un siècle de progrès en termes de maturité représentant quelques souffles de progression positive, si infime, si fragile..

2-image par andreas n

Et nous, les gentils, sommes là, comme des pions, à attendre que la folie s’embrase...
Ahurissant ce qui se passe dans la cour d’école des « grands de ce monde » où, sous couvert de moyens colossaux et de stratégies diplomatiques, mais surtout à coups de canons et de guerre cybernétiques, on joue avec le sort des millions d’êtres humains.

Rien n’a changé sous le ciel !
Sauf la capacité d’auto-destruction plus grande
.

Le seul salut pour l’homme sage est d’accéder à sa nature intemporelle, de transcender cette nature humaine ordinaire. Pour le peu de temps de son passage dans ce monde, son but n’est-il pas, sans endosser le rôle du sauveur (et que certains s’empresseraient de lui reprocher), d’aider à sortir de la boue mentale, les quelques pierres précieuses qui arrivent encore à y briller, afin de les aider à se hisser sur l’autel des joyaux de la race humaine. Autel invisible et discret qui siège dans le cœur des hommes bons, des chercheurs, dont nous faisons partie.

Mais comment en sommes-nous arrivés là  ?

Lorsque l’adulte était considéré, au siècle dernier, comme étant l’accomplissement de l’idéal humain, avec ses pleines capacités intellectuelles et physiques, nous pouvions encore lui attribuer la qualité de personne. J’en conviens, c’était une illusion de le considérer déjà ainsi !
Or dans le langage courant, le mot « personne » a fait place aujourd’hui au mot « individu ».
Les sociologues nous disent : durant le XXe siècle, l’adulte était l’âge repère autour duquel nous pouvions situer l’enfance, l’adolescence et la vieillesse. Il représentait l’ordre moral et le garant de continuité des générations suivantes.
Il était d’ailleurs très enlisé dans son rôle social, familial et religieux.
Vers les années 1968, c’est le grand fossé des générations qui s’impose et avec lui, de nouveaux modes de vie, des mutations culturelles et techniques. Il sort du cadre et sort ainsi de la notion de maturité atteinte ou définie pour entrer dans une notion de maturité en continuelle maturation, nous dit le sociologue J.Pierre Boutinet.

Et en effet, nous commençons à ne plus faire le seul métier toute sa vie. On divorce davantage, on émancipe les échanges amoureux, on libère les mœurs. Tous les codes culturels et sociaux explosent et changent qualitativement.
L’individualisme est naissant avec cette quête de formation et de projet carriériste.
Mais dans les années 80, la société de progrès apporte avec elle une certaine précarité liée au chômage. Cet adulte en évolution perpétuelle va devenir un adulte à problèmes.
Il n’y a plus de cadre stable. L’excès de responsabilités nouvelles est à assumer, et l’environnement devient trop complexe. L’adulte se perd, souffre de la solitude dans la multitude, se sent limité dans ses actions car assujetti aux règles des institutions de plus en plus puissantes.
Tous les grands cadres que sont l’école, famille, la religion sont en pleine mutation. L’adulte se retrouve face à de nouveaux et nombreux défis à affronter.
La maturité stable fait place à l’âge où il faut résoudre de multi problèmes.
C’est le cas aujourd’hui. Notre émancipation semble, en nous donnant plus de pouvoir de décision, nous donner plus de contraintes.
Société mutante, familles monoparentales, décomposées, recomposées, parentèle nouvelle, de sexe, d’emprunt, biologique. Le domaine professionnel avec le covid a totalement modifié les codes. Davantage de CDD que de CDI, plus de télétravail, plus de reconversions professionnelles, rejet du travail asservissant et répétitif chez les jeunes générations sont les caractéristiques du travail aujourd’hui. Ce qui est en soi un sursaut intelligent mais qui risque de reléguer une fois de plus, aux plus pauvres les tâches ardues.

Quant au système éducatif, il est toujours en grande difficulté pour préparer psychologiquement l’individu à l’existence, car le monde change vite. Nous ne pouvons dire que le savoir dispensé y est obsolescent car les efforts pédagogiques mis en place pour le véhiculer sont considérables. Mais nous sommes presque, là encore, dans un choc des générations. D’un côté, nous avons des cerveaux enfantins inaptes à la concentration et saturés par les écrans numériques, interactifs et sans analyse, soutenus souvent par des parents pour la plus part immatures.
En face, nous avons des enseignants bienveillants et altruistes voulant passer la connaissance par des paradigmes solides mais déjà obsolètes sur une génération « gélatineuse ».
Quand ce ne sont pas les enseignants eux-mêmes, pour peu qu’ils soient jeunes et sans expérience pédagogique, qui ne peuvent avoir la maturité suffisante pour asseoir leur véritable autorité.
Bien sûr, tous les parents et enfants ne relèvent pas de cette même caricature. Toutefois, au vu de l’immaturité répandue des adultes en termes d’éthique et de connaissance de soi, nous pouvons présupposer les dégâts invisibles, psychologiques, voire idéologiques, chez beaucoup de jeunes générations.

Quant aux religions, elles n’ont plus la valeur de cadre référent à la morale, lorsqu’ elles ne sont pas, comme certaines, le sas à un endoctrinement idéologique agressif.
Comment une jeune femme éduquée et protégée dans une société démocratique s’en va-t-elle se voiler, choisir la misère et servir d’esclave à des fous de dieu ? Comment cela est-il possible ?

Ainsi donc, l’adulte d’aujourd’hui, libre des anciens cadres, famille, travail, école, religion, pourrait profiter de cette nouvelle liberté pour être plus créatif, initiateur, voire, entreprendre un véritable chemin de la connaissance de soi.

Mais l’absence de cadre le rend finalement sans ancrage.
C’est ainsi que l’on observe cette tendance chez les jeunes adultes à s’investir dans des projets personnels malgré un environnement mouvant et imprévisible. Génération des start up, etc.
S’ils ont une âme d’aventurier, les outils, tant mieux, et ils sauront rebondir.
S’ils ont les clés de la maitrise de soi, le contrôle de leur mental, la soif de connaissance insatiable, alors ils seront forts et plus efficaces.

S’ils n’ont finalement pas d’autre choix que de créer leur propre travail sans avoir les bons outils, ils peuvent être alors être confrontés à plusieurs paramètres susceptibles d’aggraver leur immaturité d’adulte, tels :

 un environnement non porteur de leur projet, le chômage, leur non qualification, une histoire personnelle compliquée,

 un système de communication devenu très complexe, multi informationnel, une diversification des réseaux et leur non maitrise entraînant le sentiment d’être dépassé et impuissant,

 un conformisme matériel, psychologique, résultat d’une éducation et de moyens. Ne nous étonnons pas dans un tel monde, de trouver des Tanguy, ces jeunes adultes non autonomes, ou des jeunes gens issus de milieu nantis jouer à l’autre bout de la planète les soixante huitards, patrimoine assuré à l’arrière.

 un manque d’affirmation de sa singularité parce qu’indifférenciation des sexes. Il est à noter ce paradoxe chez beaucoup de jeunes qui se veulent « agenrés » (non-binaires), de se penser différents alors que cette indifférenciation les uniformalise en vérité. Les homosexuels des années 1957 et leur « Nuit White » étaient bien plus combatifs en termes de droits et de liberté que les « non-binaires » d’aujourd’hui.

 et enfin, une notion d’urgence, de l’instant présent dans le mauvais sens du terme si caractéristique de notre monde contemporain. Si d’un point de vue spirituel, nous travaillons à relativiser notre rapport au réel par l’attention de l’instant présent, la notion d’urgence de l’immédiat, du délai court de rentabilité, de réponse, de réflexion est bien un des aspects de notre époque.
Ôtant toute possibilité de mûrir la réflexion, la pensée est immature. Cela se traduit même par cette tendance des jeunes gens à parler extrêmement vite, n’écoutant finalement qu’eux-mêmes. Cela donne envie de leur répondre encore plus lentement.

Tout cela donne les nouvelles perspectives du fonctionnement humain pour les décennies à venir. Nous savons ce que nous perdons ! Pouvons-nous déjà anticiper sur ce que nous allons y gagner ? Il y assurément mutation.

Comment alors, un adulte d’aujourd’hui n’ayant pas fait ou ne faisant pas un travail sur lui-même en termes de développement personnel ou spirituel, va-t-il faire face aux grands enjeux de l’existence, à commencer par la vieillesse et la mort ?

De ce point de vue là, nous pourrions penser aussi que bon nombre de retraités aujourd’hui, sous leur cheveux blancs, sont immatures.
Ayant joué à fond le jeu des systèmes auxquels ils ont donné un grand nombre d’années de travail, s’identifiant à ces systèmes, ils sont mis à pied par la retraite ou un licenciement prématuré et perdent ainsi toute identité, avec un sentiment d’inutilité sociale et personnelle.
Alors on s’inscrit au loto du coin pour passer du temps et gagner un mixeur... bleu ..et jaune ..
Et là, il y a véritable absence de maturité spirituelle si on n’est pas apte à rebondir pour faire quelque chose de plus constructif.

Allez, ne caricaturons pas tout le monde.
De nombreux « nouveaux vieux » d’aujourd’hui, nés dans les années 60 et qui sont passés par toutes ces révolutions sociales, savent se tourner vers des actions de revalorisation personnelle, de voyages, de service à autrui, vers des activités créatrices, des engagements dans des ONG, etc.

L’âge adulte est le seul âge dans nos sociétés démocratiques dites évoluées, où l’on doit se prendre en charge matériellement. Les autres âges, enfance, adolescence et vieillesse sont en principe pris en charge par la protection sociale, dans une certaine limite. Si la jeunesse s’étire par le niveau d’étude, et la vieillesse par l’espérance de vie, cela risque fort de changer la phase adulte.
En ayant repoussé la retraite, nous sommes censés rester en forme et être actifs plus longtemps. J’y vois là une stimulation et l’invitation à éviter sa propre mise en retraite mentale et physique comme nous pouvons le constater chez certains.
Cependant, pour beaucoup, la phase de la vieillesse s’accompagne, au-delà des clichés du retraité bien portant et danseur heureux, de maladies et d‘angoisse existentielle.

1- mage par Pete Linfort

La phase adulte reste et restera toujours la phase de la responsabilité la plus délicate à gérer. Repose sur les épaules de l’adulte, la responsabilité de la protection des autres phases de la vie que sont l’enfance et de la vieillesse.
Ce n’est pas rien et la maturité y est plus que nécessaire.
Un adulte ne sachant pas qui il est, quelle est sa véritable nature, s’identifiant à tout sauf à l’essentiel, ne comprenant pas les lois universelles et naturelles qui le gouvernent, vivant avec la méconnaissance de son corps et de son mental, ayant des illusions sur la nature humaine, des fausses conceptions de la vie, de l’amour, de la mort, risque bien des écueils.

Si l’homme adulte ne comprend pas que sa véritable mission dans sa carnation est d’optimiser les outils qui lui ont été donnés pour parfaire sa propre race dans la bienveillance, alors c’est un homme immature spirituellement.
S’il n’est pas doué d’un esprit visionnaire et bienveillant, il ne peut être alors qu’un voyageur sans but, perdu et apte à perdre ceux qui l’entourent. Et cela vaut pour l’ individu lambda comme pour les grands dirigeants de ce monde.
Hari Om tat sat
Jaya Yogācārya

Bibliographie :
  « L’immaturité de la vie adulte » aux edts Puf de J.P Boutinet
  article « L’homme en panne » de Bernard Lahire publication sciences humaines Fev 1999
 Adaptation et commentaire de Jaya Yogācārya

Remerciements à Cécile Pellorce pour ses corrections

©Centre Jaya de Yoga Vedanta Ile de la Réunion & Métropole

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