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La vision naturaliste

Nous avons pu, il y a quelques jours, nous réunir de nouveau et partager ensemble un moment unique de pratiques, d’émotions et de services, au nom de notre cheminement yoguique. Vous étiez très nombreux et je vous remercie infiniment d’avoir honoré par votre présence au stage intensif ou aux cours en salle, mon enseignement et ma venue à la Réunion.
Nous avons su par la compréhension et l’action, créer un espace-temps propice à notre élévation, afin d’ouvrir en nous la porte de la dévotion.
Sur la voie du yoga, elle est un des aspects qu’il nous faut savoir aussi expérimenter.
Le passage de cette porte nous a fait découvrir un univers de couleurs chatoyantes, d’odeurs florales, de fumées et clochettes, de mantra मन्त्र inhabituels et de gestes sacrés, de présences et de forces cosmiques.

Nous sommes allés à ce précieux rendez-vous spirituel avec notre confiance et notre sincérité. Nous avons relié ainsi la tradition millénaire à notre intention contemporaine qui est d’optimiser nos intentions, parler à l’absolu, nous élever et surtout, maintenir notre appartenance à la lignée des yogis.

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L’homme qui abandonne cette quête, qui coupe son lien avec le sacré, prend le risque de redevenir un homme perdu, un homme malade des pires maux que le mental humain engendre ; peurs, doutes, absence de confiance, conflits, absence de compassion et d’amour, égoïsme, etc.
Ce rendez-vous spirituel qui vous a été donné, était le moyen - d’autant plus si vous étiez dans une période difficile de l’existence - chacun ayant son lot d’adversités - de venir vous ressourcer à l’énergie de cet amour transcendé de chacun et de tous réunis.
Seuls ceux présents ont pu récolter la puissance de cette alchimie.
Puissent-ils préserver « l’énergie feu » récoltée et en faire bon usage, sachant que, plus le pouvoir donné est grand, plus la maitrise de ce pouvoir est nécessaire.
Le feu nourrit, éclaire ... mais il brûle !

Je voudrais revenir à présent sur la méditation que nous avons pratiquée ensemble à cinq heures du matin dans le silence de la fin d’une nuit tropicale et l’annonce d’un jour de pratique intense.
Vous en souvenez-vous ?
J’y parlais du corps et de la montagne, des yeux et de l’océan et enfin de l’esprit et du ciel.

Cette belle méditation a un grand pouvoir d’apaisement. Elle a aussi une grande faculté à nous propulser dans une dimension métaphysique et essentielle, par les effets tangibles qu’elle procure rapidement sur les trois supports humains choisis ici, que sont le corps, les yeux et l’esprit.
Elle les ramène rapidement, clairement, à leurs aspects respectifs de stabilité et de puissance, d’horizon et d’ouverture, d’élévation et d’objectivité.

Je voudrais ce soir vous parler différemment de cette méditation-là.
Il semblerait que dans la diversité de la nature phénoménale, chaque chose existante en ce monde, soit, de par sa réalité manifestée, sa propre vérité. Il y aurait donc une infinité de vérités.

Toutefois, la vision spirituelle et transcendantale permet de comprendre le lien fondamental qui unit chaque élément de cette diversité infinie.
Ce lien, c’est la cohésion du monde. Elle le maintient. Elle en est le sens majeur. En yoga, on lui donnera le nom de supra-conscience.

Si, dans l’analyse de chaque partie vivante de ce monde manifesté, nous arrivions, au-delà des oppositions, contradictions, des incompatibilités apparentes - car tout étant inclus - à trouver le lien de chaque chose et sa place dans le Tout auquel elle appartient, nous dégagerions le sens unique de cette création.

Le Tout est dans le Tout, et si j’enlève le Tout, reste le Tout.

L’abstraction rapide faite par la perception méditative, échappe à cette laborieuse et infinie analyse et nous permet d’ouvrir la voie de la connaissance intuitive.

Mais, si vous choisissiez l’analyse méthodique d’un certain nombres d’objets observables dans un domaine limité, comme le ferait un naturaliste par exemple, et que vous arriviez à trouver le lien fondamental qui les unit, vous auriez des chances de vous rapprocher de ce sens unique et absolu de la manifestation et comprendre surtout notre place en son sein.

Selon les règnes suivants : minéral, végétal, animal et humain, il existe un phénomène de tropisme commun à tous, qui est cette tendance à se tourner, à tendre, à s’élever vers un grade supérieur au sien.

Ainsi, le galet de rivière n’aurait pas la même énergie ni la même conscience, dans son règne respectif, que celle d’un cristal de roche ou d’un diamant.
De même, une mousse et une orchidée ne seraient pas sur le même plan de savoir-faire.
La mousse considère peut être l’orchidée comme étant son Dieu.
De même, un mouton n’aurait pas le même degré de développement qu’un fauve.
Dans le règne humain, il en est de même. Non qu’il nous faut être des fauves pour survivre, mais le fauve a l’indépendance et l’auto-suffisance que n’a pas le mouton.
La question ? Êtes-vous un mouton ou un fauve ?

Dans le règne humain, où en êtes-vous dans votre degré de développement ?

Quant au règne humain, quel est son tropisme ?
Y aurait-il un règne supérieur au nôtre vers lequel nous pourrions tendre ? Certains vous diront, Dieu ou bien les anges ou bien les extra-terrestres, etc.
D’autres vous diront, d’opérer la mutation du genre humain vers un méta-humain via l’IA et la Robotique.
Question ouverte !

Je reviens donc, à cette montagne.
Ayons l’œil du naturaliste.
Dégageons-nous temporairement de la sensation d’être la montagne comme nous le ferions directement en méditation en sentant l’analogie avec la forme pyramidale de notre posture et l’immense densité et stabilité qui l’accompagnent. Cette montagne nous grandit physiquement dans l’immobilité méditative.

paysage

Dans sa forme pyramidale, nous pouvons observer les différents degrés qui nous font partir d’une base immensément large, stable et diversifiée pour aller vers un pic enneigé et minimal. Nous avons là un triangle la pointe vers le haut, le format d’un principe étalé et lourd, diversifié en végétations, qui s’élève et devient unique, un point ultime touchant le ciel. Au sommet, le principe du Meru मेरु, la zone infranchissable, ou bien le bindu बिन्दु, point ultime, assimilé au sommet de notre crâne en tant que point transcendantal.

Nous passons ainsi de la base, faite d’un environnement très diversifié et coloré de vallées, de prairies où fleurs, ruisseaux, bétails et villageois vaquent à leurs occupations, à un sommet aride au blanc suprême. Seuls les isards ou mouflons sautent au-dessus du vide. Seuls les aigles planent très haut dans le ciel.
Dans la vallée, beaucoup d’êtres humains ne monteront jamais vers le pic enneigé.
Beaucoup ne l’envisageront même pas. Ils ne dépasseront pas le temple du village.
Certains feront des marches d’agrément dans les forêts un peu plus hautes, voire dans les alpages, mais tout le monde ne deviendra pas un sherpa tibétain. Ils sont endurants, ne sont pas forcément grands et vivent dans des conditions froides et rudes.
L’endurance est primordiale aux conditions difficiles et les alpinistes la connaissent bien, cette dernière leur permettant d’atteindre, parfois, au prix de risques majeurs, le sommet des montagnes.
Quant aux yogis vivant dans les grottes himalayennes, dans le dénuement total, en quête de dieu, ils sont peu nombreux. Les moines sont plus nombreux dans les monastères.
Les différents paliers de la montagne vont nous faire passer d’un monde diversifié et coloré vers un sommet aux gris caillouteux ou au blanc immaculé.
Quête de la pureté, du dénuement, d’élévation vers le ciel qui touche peu d’entre-nous ?
Question ouverte !

L’océan quant à lui, semble à première vue méditative, une immensité d’eau informelle délimitée par un horizon, qui nous permet de voir plus loin, d’élargir notre vision et notre perception.
Il est le bien-être des nageurs, le défi des navigateurs, l’invitation au voyage, à l’aventure.
Dans la méditation, nous passons du corps physique à la magie de la vision, voire de la visualisation. Nous opérons, dans ce cas présent, par une sensibilité différente et intériorisée, la reconstitution d’une information du monde extérieur.
Mais l’océan n’est pas que cette abstraction d’évasion pour nous, il est aussi un monde réel à part entière bien plus complexe que la vue simplifiée que nous en avons.

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L’océan présente à certains aspects cette pyramide inversée, large et vaste à sa surface et rétrécie, voire aplatie comme une cuvette ou possédant à certains endroits des pics abyssaux.
Il est, comme la montagne, constitué par paliers, allant d’une surface éclairée jouant avec la lumière du soleil et sa chaleur à des fonds insondables, glacés et obscurs. Cet océan est vivant, mouvant en permanence, tout autant accueillant que dangereux, connu et inconnu, habité par un monde aquatique étrange où les règles semblent si différentes des nôtres.
Jusqu’à quel point ?
Du cœlacanthe des profondeurs aux cétacés géants, des requins tueurs aux tortues dociles, des raies majestueuses aux blobfishs repoussants, des animaux migrateurs aux mollusques sédentaires, des corbs, poissons immobiles aux marlins très rapides, des animaux marins lumineux et translucides aux poissons-pierre, des animaux intelligents aux proies faciles, des coraux rêvant d’être des fleurs aux algues rêvant de nager, etc., toutes ces étranges créatures, faisant partie de la nature manifestée à laquelle nous appartenons, nous rappellent ce que nous pouvons trouver dans les comportements humains.

Est-ce à dire que les animaux qui fredonnent les chants les plus subtils, ceux qui parlent et jouent avec les humains, ceux qui réussissent à jongler avec les éléments et modifier leur nature marine pour voler quelques instants au-dessus de l’eau, ont transcendé leur état dans leur propre règne ?
Question ouverte !

Il nous reste à présent le troisième support, à savoir le ciel pour l’esprit.
Le ciel, pour notre esprit méditatif, ouvre les portes de l’espace et de l’infini, et là encore, de l’immensité.
Le ciel est surtout l’étendue visible au-dessus du sol depuis la surface de la terre, de l’horizon au zénith, dans laquelle on observe les météores et les mouvements réguliers des astres. Le ciel est à la fois l’atmosphère terrestre, dans laquelle volent les oiseaux et courent les nuages et la sphère céleste, au-delà de la perception de la distance.

Mais pour nous, le ciel est le lieu de ce qui vole.
C’est le domaine d’abord de l’air et du vent, de l’espace. Malgré la perception épurée et libre que nous en avons, c’est un espace où il y a beaucoup d’activités, du moins dans la partie de notre atmosphère.
Est-ce que le ciel pourrait lui aussi être assimilé à un principe pyramidal ?
Si nous partons du processus de la vision, nous sommes bien dans le cône allant de notre œil à la voute céleste et dont le point unique est notre œil.
Là encore, un triangle est présent.
Si nous ajustons le zoom ou la netteté de notre vidéo projecteur interne, nous allons trouver un monde bien étrange avec des créatures aux comportements insoupçonnés, à commencer par la puce qui s’aguerrit de la gravitation terrestre par son saut spectaculaire.
Si l’humain peut se vanter d’avoir franchi les 2 m 45, le puma ou le tigre peuvent atteindre au moins 4 m de hauteur, l’antilope 13 m en longueur, cela devient ridicule en comparaison de la puce. Si l’on ramène la performance à la taille de l’animal, l’insecte, qui mesure quelques millimètres, peut en effet sauter 300 fois sa taille. À l’échelle d’un homme d’1m 80, cela équivaut à un saut de... 540 m.
Attention la chute !
Mais, ce n’est là encore rien à côté du bourdon capable de voler au dessus de 5800m et contempler l’Everest. Quant à l’araignée voltigeuse, elle est capable de parcourir dans les airs, plusieurs milliers de kilomètres et à hauteur de quelques kilomètres, en utilisant avec son fil de soie, mille fois plus fin qu’un cheveu, le vent sur lequel elle s’agrippe.

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Des insectes sauteurs aux libellules turquoises, des dodos aux oiseaux vierges, des pandas lourds aux patas, les singes rouges très rapides, des rapaces de nos forêts aux grues migratrices, des paresseux aux faucons pèlerins pouvant atteindre des vitesses allant jusqu’à 300 km/h, des chouettes nocturnes aux vautours de Rüppel qui peuvent voler à 11 300 mètres, des chauves-souris aux nuées de sauterelles, sans compter les nuages de milliards d’insectes qui volent au-dessus de nos têtes et qui nous sont invisibles, voilà toute l’activité du monde de l’air et de notre petit ciel.

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Et puis, il y a l’homme, avec ses vols fabuleux en wingsuit ( Ah ! Si j’étais jeune !). Il y a ses cascades vertigineuses à pic de haute montagne à ski, ses sauts et ses acrobaties en parachute, ses vols en parapentes.
Il y a ses vols en flyboard à propulsion individuelle, ses vols en montgolfières, ses planeurs, ses hélicoptères, ses avions de ligne, ses avions supersoniques, ses navettes spatiales, ses fusées et satellites, ses télescopes spatiaux, sa station spatiale orbitale.
L’homme a su lui aussi utiliser l’air et le vent pour échapper à la gravitation terrestre au point qu’aujourd’hui, il voyage dans le ciel, dans l’espace et s’en amuse.

Cela fait beaucoup de monde en l’air !
L’homme s’élève par tous les moyens pour gagner de la hauteur.

Ceux qui s’en aguerrissent bien sûr en ont les capacités financières et intellectuelles pour le faire et un grand nombre d’humains reste malgré tout au sol.
Plus c’est haut, plus c’est rare, et peu sont finalement passés dans la station orbitale.
Est-ce là une vérité ? Plus c’est haut, plus c’est pointu et exigeant ?

Assurément, la transcendance anime la vie elle-même et chaque élément vivant, quel que soit son état, sa condition, obéit à ce processus de dépassement de lui-même.
Est-ce là, le sens unique ? Où l’univers veut-il nous amener ?
Nos enfants sont-ils là pour faire mieux que nous, être plus performants, se construire sur notre expérience ?
Assurément.
Le chemin yoguique que nous suivons illustre pleinement ce processus de mutation personnelle, d’élévation et d’optimisation de tous les plans qui nous constituent.
Il développe en nous le tropisme afin que nous nous tournions vers l’essentiel, le lumineux, le beau, le bon, le performant.
Sa caractéristique, c’est sa prétention et les moyens de cette prétention qu’il offre pour nous permettre de toucher au plus près le sens unique et cohérent de notre propre manifestation. Il nous donne les outils pour agir avec les forces cosmiques en jeu, pour comprendre avec apaisement ce que nous sommes véritablement par rapport à cette nature et ce que nous faisons là.
Nous sommes plus intimement liés à Prakṛti प्रकृति, la nature, que nous ne le pensons.
N’oublions jamais qu’elle est notre premier pouvoir.
Redonnons-lui en nous, sa dimension sacrée.
Hari om tat sat
Jaya Yogācāryaḥ

©Centre Jaya de Yoga Vedanta La Réunion & France

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