Depuis plus de quarante ans dont trente trois à la Réunion, Māheśvarī माहेश्वरी et moi-même Jaya जय , œuvrons patiemment sur ce chemin discret et bienveillant de la connaissance spirituelle yoguique.
Notre action, au-delà de notre propre quête, est d’avoir partagé avec vous ce cheminement.
Que de labeur !
Que de cours donnés, de Ōṁ prononcés, de courage devant la fatigue pour assurer tous ces cours posturaux à des heures avancées après une journée déjà bien remplie en don de soi.
Que de pleurs chez autrui nous avons essuyés, que de paroles désespérées nous avons entendues, que d’êtres nous avons réparés, que de lumière nous avons mise devant leurs yeux.
Que de corps nous avons massés ! Que de soins nous avons dispensés, que d’énergie nous avons donnée.
Que de clés en or nous avons posées sur vos plateaux !
Que de connaissances sacrées nous avons enseignées !
Parfois, nous avons eu aussi des lynchages injustifiés, des abandons sans explications, des comportements lâches, des critiques infondées, des crises d’égo, des départs sur la pointe des pieds, des rumeurs injustifiées intolérantes.
Beaucoup ont pris, peu ont donné.
Ceux qui ont véritablement donné, ont été intègres et sincères, sont toujours là et nous offrent l’amour, le respect, l’élégance, l’intelligence, en retour de ce qui leur a été donné.
Certains ont été voir ailleurs si l’herbe était plus fraiche.
Ils ont expérimenté, sans le savoir, « l’oubli naturel » de ce qui les avait portés lorsqu’ils étaient mal, lorsqu’ils étaient débutants ou ignorants.
« L’oubli naturel » arrange ceux qui préfèrent ne plus penser à ceux qui les ont aidés à sortir de leurs marasmes.
Une fois rétabli, on oublie celui qui vous a aidé, évitant ainsi d’entretenir une relation avec quelqu’un qui vous a vu démuni.
Cela évite la gratitude !
L’ego ne s’encombre pas avec ce qu’il doit à autrui.
C’est pareil pour les dettes financières.
Certains ne les honorent pas et pensent les oublier facilement (les cours pris et non réglés, les cartes de cours non payées, etc.).
Toutefois, ces oublis encombrent l’ esprit et le cœur d’un voile à très long terme.
L’âme n’oublie pas, elle sait.
Tout ce que nous avons fait au Centre Jaya a été fait sans attente de retour.
Nous avons pu observer froidement. Nous avons appris à devenir détachées.
A quand le total détachement d’ Hākinī śakti हाकिनी शक्ति !
Ceux qui nous ont fait confiance et qui ont montré des qualités exceptionnelles de constance, de courage, de tolérance, d’ouverture d’esprit, de respect, de pratique, d’écoute, de service, ont pu recevoir ce magnifique savoir qui fait d’eux aujourd’hui, de belles personnes à la pratique établie, détenteurs d’un savoir sacré.
Ils ont gagné pour eux la constance d’être à l’image de la nôtre.
Vous êtes ces personnes-là. Vous êtes devenus des personnes précieuses pour la société qui vous entoure.
Vous êtes devenus aux yeux des guides que nous sommes, des personnes aux qualités morales et spirituelles qui font des pratiquants du Centre Jaya, des Hamsa inestimables.
Notre monde a bien besoin de personnes comme vous.
Parfois, quelques cygnes noirs glissent à nos côtés.
Le fil de l’eau les entraine ailleurs à leur insu lorsque c’est le moment.
Si vous voulez comprendre le monde et ses conflits internationaux, comprenez comment fonctionnent à l’échelle individuelle, la nature humaine ordinaire et ses conflits relationnels, familiaux, professionnels, etc.
Observez cette nature humaine qui n’a fait aucun travail d’éveil et de déracinement de l’égo.
C’est le même calque à des échelles différenciées.
Nous retrouvons dans les rapports de force entre les nations et leurs chefs, et plus encore chez certains despotes, les mêmes tyrannies, les mêmes infantilités et carcans mentaux, les mêmes rapports de force basés sur l’intérêt, l’argent, la course à la suprématie sur autrui par le jeu de l’ego, soit individuel, soit celui des groupes ou des peuples entiers.
La folie mentale démange le monde comme un eczéma.
Si on le gratte trop à coups de rumeur, de médias, de peurs, il va flamber.
Un sociologue, disait récemment que le rapport de force nucléaire de certains pays et la possibilité de destruction massive est un processus mental fragile qui maintient les états depuis des décennies dans un garde-fou limite et une paix, non pas éternelle mais durable.
Mais, c’est surtout un processus mental fragile qui peut, plus la tension est forte, faire basculer un dirigeant ou un groupe à n’importe quel moment par l’attraction abyssale et mentale de l’auto-destruction voire de l’anéantissement total de l’humanité.
Après-moi, le déluge !
Imaginez à une échelle très réduite, une scène familiale où un individu se présente avec un fusil pour détruire un maximum de convives. Les personnes les plus aptes à tenir les rôles de négociateurs seront amenées à gérer l’instant tragique pour le désarmer.
Même calque. La folie mentale peut jaillir à tout moment !
Le monde est dangereux et nous avons tendance, en étant absorbés à nos tâches quotidiennes que nous estimons prioritaires et fondamentales, à l’oublier.
C’est lorsque nous devons abandonner nos biens et notre sécurité pour force majeure et sauver ce qu’il y a de plus précieux à nos yeux, à savoir notre peau, que nous pouvons en faire la dure expérience.
Nous pensons que cela concerne toujours les peuples démunis et loin de nous. C’est comme la mort. Elle n’arrive qu’aux autres !
Combien d’êtres humains, déjà morts ou encore vivants, en ont fait l’expérience ? Combien de pauvres gens ont vécu l’exode, les persécutions, les atrocités, l’injustice.
Notre conformisme contemporain occulte le malheur du voisin.
Mais nous portons tous dans nos gènes les atrocités de l’histoire de notre race.
Votre grand-père, votre sœur, votre cousin éloigné...
Ma chère mère avait 12 ans en 1939 et se souvient encore des bombes sur sa tête alors qu’elle était à plat ventre dans la rue.
Elle sait !
Elle sait quelque chose que je ne sais pas, n’ayant moi-même jamais eu à subir cela !
Votre ancêtre a peut-être connu l’esclavage ! Cette injustice résonne encore dans vos veines.
Les générations d’après-guerre dont nous faisons partie (deuxième guerre mondiale 39-45), n’ont connu que la croissance et la consommation. Nous avons pu nous épanouir et réaliser nos rêves dans un monde cohérent à échelle humaine.
Ce n’est plus le cas pour la grande majorité de nos jeunes d’aujourd’hui.
Ils sont dans un monde compliqué.
Leurs diplômes ne leur garantissent plus forcément des postes à hauteur de leurs compétences, la concurrence étant extrême.
La drogue et l’argent facile ont envahi la planète.
Les horizons multiples et infinis offrent à beaucoup, autant de fabuleuses possibilités que de possibilités fabuleuses de se noyer.
Quant aux anciens, dans le monde d’aujourd’hui, si nous prenons davantage soin d’eux en termes d’actions sociales, du moins dans nos sociétés démocratiques évoluées, nous pouvons constater qu’ils sont malgré tout plus seuls du fait de l’abandon des enfants.
À un âge très avancé, on les oublie vite en les mettant en touche dans des ephads de mal-traitance à hors de prix.
Jamais n’a été aussi importante la nécessité de se suffire à soi-même en se maintenant en forme physique et mentale pour rester chez soi indépendant le plus longtemps possible. Plus que jamais, il ne faudra compter ni sur le soutien du monde, ni sur celui de vos progénitures, si vous en avez... ...
Gāmbhīrya गाम्भीर्य, Gravité !
De quoi sera fait l’avenir sur cette planète durant les prochaines années que nous pouvons espérer vivre, vous et moi ?
L’incontournable réchauffement climatique, l’épuisement des énergies fossiles, le problème de l’énergie ressource pour tous, tout simplement, le problème alimentaire mondial aggravé par les conflits armés, la dégradation de vie dans des zones à forte influence urbaine, la montée des mers, l’acidité des océans, la rareté et la cherté des produits de premières nécessités, etc., risquent bien de mettre en évidence une incapacité des gouvernements à pouvoir répondre aux besoins humains.
Nous risquons d’être dans des sociétés où les jeunes générations demanderont des comptes aux plus anciens.
Nous ne serons jamais à l’abri de nouvelles pandémies, certaines pouvant être incontrôlables.
Quand ce ne seront pas les guerres bactériologiques ou autres.
Nous verrons probablement une prise de conscience planétaire plus écologique mais les solutions ne seront-elles pas trop tardives ?
"Un conseil de sécurité humaine planétaire" aura-t-il le temps d’être crée ?
Nous en sommes encore loin !
Nous n’avons que des organisations de sécurité parcellaires.
Ce qu’il y a de positif aujourd’hui, dans les événements récents, c’est cette prise de conscience et ce soutien d’un plus grand nombre de pays pour défendre la liberté.
Mais nous sommes toujours dans l’éternel affrontement entre l’Est et l’Ouest, voire le Sud et le Nord.
Nous sommes très en retard devant cet idéal d’une planète qui serait entièrement mobilisée pour la paix.
Dans notre quête des développements scientifiques, technologiques, sociaux, nous avons oublié d’accorder, à l’éthique de vie et spirituelle, au sein même de nos programmes politiques, la place majeure qui aurait dû être la sienne afin qu’elle soit en amont de toute décision.
Nous nous sommes hyper-développés sans grandir spirituellement.
"De nombreux pays et de grandes entreprises risquent bien de devoir concentrer tous leurs investissements et leurs technologies pour régler les futurs problèmes, problèmes imminents d’alimentation mondiale, de climat et de santé, d’aide aux plus démunis". citation : Le monde en 2040 vu par la CIA. Edts Equateurs document
Ce sera moins de moyens pour la recherche et la créativité.
Ils se devront d’être des pays progressistes et technologiquement évolués afin de pouvoir réaliser ces objectifs de survie et du maintien de la paix.
Cela suffira-t-il sans la dimension spirituelle ?
Ce sera hélas, en comptant avec d’autres états plus réactionnaires, passéistes et attachés aux valeurs traditionnelles et non conscients des nécessités d’une nouvelle éthique mondiale pour sauver la planète.
Ces derniers déclencheront, comme on le voit toujours aujourd’hui, des actions de guerre, des cyberattaques, des actes terroristes de masse afin de nourrir encore pendant longtemps les conflits internationaux et leurs intérêts personnels.
Tout restera un problème de conscience.
Alors Vous, Nous, Chercheurs spirituels, Non, Nous ne sommes pas inutiles ni impuissants.
Nous pouvons certes subir ce vilain monde, mais notre expérience directe par le savoir sacré et la pratique, notre vision élevée d’une réalité transcendantale à cette manifestation temporelle et dérisoire, reste "la bouffée d’air pur métaphysique" dans ce monde devenu irrespirable.
Elle nourrit chacun de nos actes de service et d’amour à autrui.
Soit nous respirerons sans l’aide d’autrui car nous savons respirer, soit nous aiderons encore ceux qui y aspirent, tant que la folie des hommes ne nous aura pas anéantis.
Peu importe, nous avons compris l’immortalité de notre âme.
Hari Om tat Sat
Jaya yogācāryaḥ
©Centre Jaya de Yoga Vedanta La Réunion
Remerciements à C. Pellorce pour la correction
Messages
1. Une bouffée d’air pur..., 12 mars 2022, 09:50, par Medvesek marc
Merci Jaya de nous encourager…
« Nous ne sommes pas inutiles ni impuissants » : c’est sûr et le travail sur « Soi » de purification du corps qui mène à la sublimation de la matière est un travail personnel pour le compte du plus grand nombre car c’est la multitude de ces démarches ” intérieures” qui amènera à une manifestation “ extérieure “.
« Nous avons compris l’immortalité de l’âme » : oui et parler de l’âme fait peur actuellement, il y a comme un rejet , probablement parce que cela implique une notion de temps d’effort et de vision mal comprise.
« Ce n’est plus le cas pour la grande majorité de nos jeunes d’aujourd’hui.
Ils sont dans un monde compliqué » : oui parce que tout semble se détricoter… comme si l’humanité devait passer par une sorte de “ putréfaction ” fertile avant d’accéder à envisager plus de blancheur, c’est ce que nomment les alchimistes “ l’ouvrage au noir“ un préalable nécessaire avant l’œuvre au blanc et sa promesse de rouge…
2. Une bouffée d’air pur..., 24 mars 2022, 15:41, par Adrien
Combien de bouffées d’air pur nous donnez-vous ? Et depuis combien d’années ? Nous, élèves, qui avons la chance d’avoir, un jour, passé la porte du centre ? "Aimer, servir, réaliser" sont des mots qui prennent tout leur sens et tout leur corps au fur et à mesure que nous cheminons à vous côtés chères Jaya & Mahes. Merci d’être là et merci de donnez sans relâche.
3. Une bouffée d’air pur..., 28 octobre 2022, 17:42, par Adrien
Quelle magnifique conférence. A votre image, remarquable, touchant de force et de subtil, et de tant d’autres belles choses…
Et pour faire écho à votre introduction, il serait juste de se demander aussi…, combien de portes vous avez poussés ? Combien de regards vous avez nettoyés ? Combien de coeurs vous avez changés ? Combien d’exemples vous avez donnés ? Combien d’efforts vous avez supportés ? Combien de qualités vous avez révélés ? Combien de vies vous avez changés ?
Combien ? Beaucoup, c’est certain. Mais plus encore c’est la manière dont vous l’avez fait, et le faites encore, qui est exceptionnel.
Ecouter votre conclusion me laisse toujours sans voix… Vous avez raison. Non, Nous ne sommes pas inutiles ni impuissants…
Merci infiniment Jaya
Adrien
1. Une bouffée d’air pur..., 28 octobre 2022, 18:36, par Jaya
Merci Adrien de votre lecture et de votre réceptivité. Cela réchauffe le cœur dans les moments délicats que nous traversons. Cela me rassure quant au travail et long chemin déjà parcouru. Ils n’ont pas été vains. Merci d’être
Jaya