Il y a dans l’espoir un étrange partage,
entre doute et confiance, on ne sait quel choisir.
L’ »Es » envole l’esprit et « l’oir » le ramène,
aux possibles limites des gens déjà usés.
Miracles oubliés ou incrédule foi,
donnent à ce mot le sentiment d’échec.
Il porte cependant en lui beaux paysages,
nouvelles aventures et grande exaltation.
Il rend les hommes forts, leur font bénir les lys,
animant la pensée d’une étincelle vie.
Mais il piège trop souvent avec son pessimisme,
ternit en rabat-joie les rêves les plus fous,
lorsque raison s’en vient dans sa logique forme,
hypothéquant ses sommes ou tristes soustractions.
Il déchire les voiles du faux navigateur
qui ne croit pas en lui quand il lui faut hisser.
Il sait donner bon vent à celui qui chante
les odes à l’océan et prend ses hautes vagues.
Il lui faut donc du sens et un clair horizon,
ne lâcher le soleil que pour se reposer,
mettre sous l’oreiller ses confidences au ciel,
et savoir que pour lui le temps prend le relais.
Bien sûr, l’espoir vieillit avec nos ossatures.
Il perd légèreté et voit son champ réduit,
la gravité l’attrape avec sa lourde loi,
et semble l’amincir à quatre planches en bois.
C’est ne pas tenir compte de son invitation
vivace et éternelle, quand matière et esprit,
dans l’arène sacrée du réel anobli,
jouent, enivrés, leur transcendant rituel.
Il se perd ou se gagne selon le bon vouloir
d’un astre qui se couche, d’un oiseau qui s’envole.
Il percute notre œil d’un faisceau miroitant
à travers branches folles, tel un signe du temps.
Certains lui ont donné le goût des immortels,
comme épouse royale, dame fine intuition,
venant par voie sablée d’un oriental chemin,
ayant perle divine au milieu de son front.
Il sait lutter longtemps quand son but est ultime,
n’est pas avare d’images et de savants secrets.
Grand jouisseur de folies, il « addicte » les sages,
et se pose au sommet des fanions défendus.
Ses combats mènent l’être à son plus haut destin,
erreurs de ce dernier sont pour lui vitamines.
Ainsi donc, au-delà des tristes certitudes,
il promet à nos âmes d’être révélation.
Jaya Yogācāra