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Le mystère de la volonté





Le mystère de la volonté.

Conférence donnée par Jaya le 30 août 2013 : "Iccha Shakti, l’énergie qui veut".



Nous reprenons ce soir la pratique yoguique après quelques vacances, et chacun doit se repositionner, par rapport à lui-même bien sûr, par rapport à ses amis de parcours et par rapport au guide spirituel.
Une de mes élèves, à mon retour, et pour m’indiquer sa compassion après mon long voyage, me raviva l’histoire suivante.
Un Indien arrive de son pays après un long périple dans une grande ville des états-unis. Il descend du train et finalement s’assoit par terre. Un américain lui demande alors ; « Mais que faites-vous là ? » Et l’Indien lui répond. « J’attends que mon âme arrive. »
Quelquefois, nous pouvons ressentir ce dépaysement de l’être.

Il se peut que pour certains d’entre-vous, il en soit de même lorsque vous reprenez la posture assise et que vous vous remettez à votre travail spirituel. Ce qui expliquera d’ailleurs, s’il y a eu interruption de la pratique, des difficultés à se recentrer, une acuité médiocre et une conscience moins pénétrante. Ainsi existe en nous un baromètre nous indiquant la déperdition des facultés ou leur amoindrissement. Ce dernier permet de même, de mesurer les effets puissants de la pratique tout au long de l’année. Mais les vacances ont aussi de positif qu’elles permettent de réinitialiser parfois les rouages et de rafraîchir les fenêtres de la perception.
Votre visualisation du serpent vert n’en sera que plus vive ! (kundalini).

En cette période de rentrée, nous constatons qu’il y a autant d’aspirants en yoga que d’instructeurs. Les yogas apparaîtraient donc nombreux et diversifiés.
Nous avons la chance, vous et moi, d’avoir déjà parcouru ensemble, au centre Jaya, un long chemin dans un yoga qui revêt tous les aspects et d’avoir su trouver rigueur et enthousiasme.
Aujourd’hui, je me trouve être un guide pour aspirants avancés.

Ma responsabilité est d’autant plus grande sur ce chemin brûlant de l’éveil de la kundalini.
Le Yoga se doit d’inclure tous les aspects de la pratique, et de son aspect dévotionnel à l’aspect cartésien et technique, en passant par l’érudition et la pratique méditative, l’élévation de votre être ne se vérifiera jamais sans l’harmonie de tous ces outils.

Selon ses tendances et son degré d’éveil, un individu privilégiera un aspect au détriment de l’autre.
Un aspirant avancé doit inclure tous les aspects de cette science spirituelle.

L’esprit et la matière - l’énergie et la conscience - sont les principes fondamentaux de tout organisme vivant. Le pouvoir libérateur du yoga utilise l’énergie qui anime la forme, pour augmenter la conscience en vue de son élévation.
Une pratique yoguique est efficace lorsqu’elle correspond au niveau d’éveil atteint par celui qui la pratique au moment donné.

Parfois, s’il y a lenteur d’apprentissage ou vélocité, le guide se doit d’être attentif aux ajustements nécessaires. Ainsi, de la même façon que certains anciens élèves devraient réajuster leurs bases, certains autres, plus jeunes sur la voie, peuvent être accélérés.
Cela reste cependant rare, et ce qui ne souffrira d’aucune exception pour chacun d’entre nous, c’est que le travail yoguique va toujours du bas vers le haut, de l’obscurité vers la lumière, et du grossier vers le subtil et le spirituel.

J’entends parfois certains d’entre-vous, parler de la réalisation comme un but à atteindre.

C’est là grande ambition si vous l’entendez du point de vue yoguique.
Pour cela, vous devrez travailler intensément à deux voies :
 celle de la conscience et donc du raisonnement philosophique qui vous amènera à Viveka (le discernement) et à l’identification avec l’absolu. Il vous faudra donc éradiquer toute illusion.

 la deuxième voie, celle de l’énergie, où vous devrez transcender le corps et la shakti qui dort en lui.

Les deux voies ne pourront être actives sans le travail de l’amour spirituel.

Vous vous rendez bien compte qu’à ce niveau d’exigence, les pratiquants ont dépassé le stade d’aspirants et se sont installés dans le yoga. Ils se sont engagés.
Leur naissance leur est connue.
Que suis-je en train de dire là ?


Tout le monde naît, mais tout le monde n’a pas les aptitudes à s’engager sur le chemin spirituel.
Pour les sages, ce que l’on appelle une naissance humaine, c’est lorsque l’homme incarné a pleinement conscience de sa nature spirituelle et du processus de libération qui est en lui.
Beaucoup de nos contemporains, parfois nos proches, fonctionnent sur un principe intelligent certes, mais au service d’une conscience grossière et peu évoluée. Leur mental ne retient, ni n’analyse et ne discerne les expériences. Le verbe est haut en bruit et non en pertinence, et la vie s’articule d’un point de vue égocentrique.

La transformation d’eux-mêmes n’est pas envisageable.

Lorsque vous pratiquez depuis plusieurs années, tous les conditionnements tamasiques, voire rajasiques du passé, voir les 3 gunas ne sont plus des handicaps car votre personnalité s’est forgée pour devenir l’outil de votre travail spirituel.
La connaissance du Soi repose alors sur les acquis suivants :
 Shravana, un mental attentif et conscient dans les préceptes donnés par le guide.

 Manana, un mental contemplatif et lumineux dans les expériences de la vie.

 Nidhi-dhyasana, la pratique de la concentration maintenue sur le Pur en toute chose.

Lorsque vous arrivez à maintenir l’attention soutenue sur le principe le plus pur et le plus subtil qui soit dans tout moment de l’existence, alors beaucoup de peurs s’estompent.
Les tensions intérieures disparaissent et l’existence et tous ses possibles coule librement en vous.
C’est là une des clés majeures qui ouvre le flux créateur et bienveillant de l’existence.

C’est là, la première de deux clés qui vous seront données ce soir, comme un cadeau de retrouvailles.

Mais parfois, une clé peut vous-être donnée et vous ne savez quoi en faire.
Votre tête la regarde et le cœur ne comprend pas, ou bien vous la possédez déjà mais vous oubliez de vous en servir.


Dans la quête d’éveil de la shakti, la MahaShakti est considérée par les sages comme étant la grande créatrice de l’univers. En allant du plan subtil au grossier, elle est donc arrivée à Prithivi (terre) et n’ayant plus rien à créer, s’est endormie. En tant qu’être humain, nous avons d’elle la perception individuelle d’une énergie prisonnière dans notre centre coccygien dans un état de chaleur latente et qu’il nous faut déployer.
La kundalini est à la fois passive et potentielle, et active, si manifestée.
De toute évidence, elle est ce feu qui nourrit les différents niveaux de conscience.

Nous sommes tous à des stades différents d’évolution et la kundalini peut déjà avoir atteint des chakras supérieurs chez certains d’entre-nous, voire dès la naissance. Les facultés ou les talents de chacun en sont sa marque.
W.A MOZART en est un bel exemple.

W.A.MOZART à 8 ans de J.B. GREUZE

Certains érudits sur le sujet, justifieront cela en tenant compte du karma et des nombreuses existences passées au perfectionnement du soi individuel.
A ce propos, Michel Coquet tient à faire la différence entre le Prâna kundalini que l’on éveille dans cette vie là par le prâna, et qui use du mélange des feux du corps, du mental et du feu divin, avec la grande kundalini Shakti qui est cette kundalini fondamentale endormie et statique que seule, l’initié d’un très haut niveau, élève lors des plus hautes initiations.

Autrement dit, pour le sage, l’éveil de l’énergie dépend de votre degré d’évolution dans vos vies karmiques.
Cela sous-entend que vous adhériez à ce principe.
Si peu d’initiés peuvent donc éveiller l’ultime shakti, la mahashakti dans cette vie là, beaucoup d’aspirants peuvent cependant activer leurs chakras pour obtenir un degré d’évolution largement supérieur à la moyenne des gens.

le Yoga rend intelligent.

L’évolution spirituelle, comme vous le savez déjà, commence par la formation du caractère et du contrôle mental. Dans le discours populaire, lorsqu’il est dit qu’un tel a du caractère, c’est indiquer que ses tendances dominent son expression. Tant que le caractère reste l’esclave des forces émotionnelles, instinctives, le Soi, ce que l’on peut désigner par l’âme, ne peut prendre le contrôle de ces forces.

Les expressions de l’âme subtiles et apaisantes auront plus de mal à s’imposer chez une personne colérique ou caractérielle.
Si la personne s’aperçoit de cet aspect chez elle, et si elle est engagée sur le chemin spirituel, elle devra s’imposer un mode de vie plus serein.

Dans vos ambitions spirituelles, le but change lorsque vous évoluez.

En vous transformant progressivement, la luminosité vous éclairant, vous risquez de voir surgir une cause plus élevée à votre vie. Le soi s’imposant de plus en plus sur les instruments que vous développez, implique que la notion d’amour change, l’idéal change, et vos facultés changent. L’homme devient un vecteur des forces spirituelles et devient de plus en plus unifié avec les puissances de la vie. Il en découvre les clés, et commence à parler le véritable langage de l’univers et de la conscience.

Il comprend les mystères de la volonté. Le pouvoir d’Iccha.

La volonté est l’essence même de l’action.
Elle est donc le moteur à l’activité et l’éveil des chakras, et plus encore à celui de la kundalini.
Dans la vie ordinaire, nous utilisons la volonté pour obtenir ce qui nous est nécessaire.
Le désir qui anime cette volonté est cependant limité. Son action ne pourrait par exemple pas agir sur la matière directement. Tordre une cuillère ou guider la main de quelqu’un relève d’un autre type de volonté.
Vous avez une scène très intéressante qui illustre cela dans le film « l’homme sans âge ».

L’homme sans âge de F.F.Coppola
acteur Tim ROTH

La télékinésie, ou autre facultés psychiques, peuvent être développées par la pratique du yoga. Celui qui a développé ces facultés, ne l’a pas fait avec la tête et la volonté du cerveau physique.

Il le fait avec Iccha Shakti, la volonté psychique, la shakti qui veut.

Si la kundalini est vivante en vous, elle peut agir.
Mais elle ne commande pas directement à la matière, elle commande aux "élémentaux" qui la constituent.
Il faut donc apprendre à parler à ces élémentaux, solliciter leur aide, comme à un ami.
Je ne fais pas ici allusion aux Elfes ni dragons souvent associés aux élémentaux dans la magie ou l’ésotérisme. Je parle simplement des forces cosmiques et énergétiques que représentent les tattwas, à savoir les cinq éléments.
Mais si votre volonté a pour but d’agir sur la matière ou l’espace physique, l’élément ne pourra vous aider que dans l’espace physique, (matérialisation, soin).
Mais si votre niveau spirituel est élevé, alors l’aide demandée s’adresse aux élémentaux supérieurs et subtils, et l’aide sera donc subtile et concernera une action spirituelle.

Voilà la deuxième clé qui vous est donnée ce soir.

Dans le travail du yoga, pendant de longues années, le pratiquant utilise le pouvoir de volonté obtenu par le contrôle du prâna.
S’il réussit à s’établir dans le processus d’intégration de son être individuel avec les lois de l’univers, alors l’étape finale d’élévation du feu spirituel sera obtenu par la fusion de l’Iccha shakti et de Jnana shakti, la connaissance.
L’action Kriya shakti sera réalisée. Le tripura est devenu vivant.


En attendant cela, tous les efforts accomplis au niveau spirituel sont cumulatifs pour votre âme et non pas éphémères comme ils le sont pour vos trois corps, shuksma, sthula et karana sharira.voir les upadhis



La réalisation ne peut donc passer que par une obéissance aux lois divines qui animent l’univers, mais la seule force pour y parvenir restera toujours Prema, l’amour divin.
Alors Votre Pouvoir de Volonté sera infini.
Hari Om Tat Sat
Jaya Yogacharya


Bibliographie :
« Kundalini, le Yoga du Feu » de Michel Coquet aux edts Alphee-JP Bertrand.
« Psychologie du Yoga de la Kundalini » de C.G.Jung edt Albin Michel.
Synthèse et commentaires : Jaya yogacharya
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Messages

  • hari om Jayaji,
    merci de publier et partager un texte d’une telle profondeur, il me semble m’abreuver à la source dont j’ai soif lorsque je vous lis ...
    d’autant que la volonté est un sujet qui m’interpelle grandement, et entouré de mystère .. au plan personnel je me sens tellement et depuis longtemps comme "habitée" d’une volonté plus forte que moi.. qui m’a menée là où je suis aujourd’hui sans que je puisse vraiment rien controller ..
    pour mon plus grand bonheur bien sûr puisque c’est elle qui a permis l’accord intérieur- extérieur ...

    puis-je vous poser une question ?
    est -ce uniquement le karma qui détermine si tel ou tel être aura plus ou moins de volonté afin d’affronter les évènements et épreuves de la vie ?
    je pense à mon neveu, qui lui n’a pas eu la force de continuer le chemin et a mis un terme à sa vie à 17 ans ..
    force / faiblesse de l’âme ? force / faiblesse de la fameuse Iccha volonté ? ...
    étonnamment sa soeur - qui a vécu les même epreuves avec lui dans cette vie - surmonte et franchit les obstacles ..

    en tous cas merci infiniment chère Jaya .. à bientôt dans vos prochains articles ..
    om shanti
    isabelle yogapushpa

    • La volonté psychique ne peut couvrir la volonté de l’âme. Elle n’est qu’un des aspects de cette dernière.
      D’un point de vue védantique, tous les aspects relevant de la manifestation d’un individu ne sont en réalité que des modalités manifestées de l’absolu. Mais qu’est la véritable ampleur de la manifestation au regard de l’infinité ? Si toutes choses sont issues de l’absolu, elles ne sont pas à elle seules cet absolu, parce qu’elles sont considérées comme distinctes et relatives, conditionnées par leur existence. Leur existence pouvant presqu’être considérée comme illusion vis-à-vis de la réalité suprême.
      La source, l’existence et le but d’une vie humaine valident les deux qualités essentielles de l’absolu : (Karana) la cause et (Karya) l’ effet. Un effet n’est autre que sa cause bien que la cause soit plus que l’effet. L’absolu en tant que principe suprême est un et sans dualité. Il est l’Atma dans toutes ses possibilités et ses modifications. Chaque être individuel, se modifie et développe ses possibilités conformément à sa propre nature. Il possède donc en lui cette part d’absolu dont il est issu, mais il possède de même les aspects de temporalités liés à sa nature manifestée. Ce qui fut, ce qui est et ce qui sera appartient à la manifestation de l’âme. Toute autre chose qui n’est pas soumise au triple temps trikala, la condition temporelle envisagée sous les trois modalités de passé, présent et futur, est cet absolu. La dimension subtile, karana sharira d’un individu est d’ordre universel et informel.
      Mais sa dimension plus grossière, celle de la carnation est soumise à la temporalité.
      Dans ce qui soutient la conscience individuelle, la perception de cet ultime insondable et fondateur donne à l’êrte incarné, soit un constat de déterminisme, soit une envie de créativité de sa propre vie.
      La vie incarnée doit être traversée. Si l’âme incarnée établit un constat accablant sur le monde manifesté, elle peut ne pas avoir envie de cette carnation et du champ de bataille qu’il lui faut traverser. Elle a peut-être un autre chemin, ou un autre temps. Si l’âme se doit de traverser ce champ de bataille avec les outils donnés, elle le fera en fonction du niveau de conscience de sa carnation. La seule volonté de l’individu ne suffit pas. Dans le choix de lutter pour maintenir sa carnation, il y a une volonté supérieure, une volonté d’être. Cette puissance qui donne à la vie sa « niaque » pour surgir et durer. C’est la répartition des richesses des modalités possibles et infinies de l’absolu qu’un individu reçoit ou non à la naissance. La volonté de l’absolu n’est cependant pas à l’image d’une carnation humaine, mais d’une faculté d’Etre de cet absolu. La volonté de la vie même, et la vie est énergie pure.
      Le suicide met en jeu la carnation même dans son rapport à l’âme, dans ses dimensions temporelle et intemporelle, éphémères et permanentes. L’obscurcissement mental et son pouvoir couvrant de la conscience ôte cette perception de l’absolu. Sans perception d’horizon lumineux, les ténèbres du dérisoire sont un refuge. Le désespoir qui pousse à renier la vie même est soit une fuite de la volonté humaine, soit un acte habité par une volonté autre, telle que celle de la souffrance ou celle d’une pensée nihiliste.
      Quant à Iccha Shakti, elle reste une énergie bien humaine, bien que supérieure. Elle est l’énergie développée par le processus de purification et d’éveil du prâna et de la conscience qui lui sont associés. Elle est donc une énergie réservée au chercheur qui a trouvé.
      Mes meilleurs pensées yoguiques pour votre chemin, chère yogapushpa.
      Om shanti
      Jaya Yogacharya

  • "Heureux celui qui peut d’une aile vigoureuse s’élancer vers les champs lumineux et sereins !
    celui dont les pensées comme des Alouettes vers les cieux le matin prennent libre essor,
    qui plane sur la vie et comprend sans efforts,
    le langage des fleurs et des choses muettes"

    Baudelaire

    envoyé par Philippe Avi

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