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La voir !

Il souffle fort en ce moment sur nos côtes ...
Les vôtres, réunionnaises, subissent la période des cyclones. Les nôtres en métropole, découvrent des intempéries plus fréquentes, amplifiées par le bouleversement climatique.
Aucun de nous n’échappera désormais à ces phénomènes exponentiels en intensité et en fréquence.

Il souffle aussi fort sur nos têtes…
L’augmentation de la population mondiale, l’enjeu politico-économique international inter-dépendant, talon d’Achille des systèmes de production / consommation, une paix mondiale in-envisageable encore aujourd’hui, un développement invasif des technologies dites intelligentes, sont en train de transformer vertigineusement le monde qui nous a vu naître.
Cela va vite, peut-être trop vite !
Les êtres humains se perdent aujourd’hui dans leur propre identité et si les codes de l’amour entre eux reposent sur de nouveaux paradigmes - et pourquoi pas - l’égocentrisme est, pour un grand nombre, le positionnement sine qua non face à l’autre, au nom de la liberté individuelle.
Une majorité revendique cette prétendue liberté alors qu’ils sont asservis eux-mêmes à des systèmes sociaux économiques et culturels, voire à leurs propres carcans mentaux.
Quant à la liberté elle-même, elle n’est toujours pas gagnée pour un certain nombre d’humains dans les pays non démocratiques et chez ces derniers, elle reste relative.

Les hommes et femmes contemporains ont l’air de marionnettes "intelligentes qui bougent sans fil".

Entre les tendances comportementales, les hobbies du moment, les idéologies de réseaux, les influenceurs immatures et les influencés en mal d’identité, entre ceux qui tiennent les ficelles des pantins et ceux qui les coupent ou les surtendent, (politiques, industriels, états, géants du net, etc.), tout ce beau monde y va à vau-l’eau de sa cacophonie mentale et de ses actions irresponsables.
Ces prémices inquiétantes pourraient nous amener à considérer notre civilisation comme déjantée plutôt qu’y voir en elle, celles d’une sagesse potentiellement émergeante.

2

Dans tout cela, où se trouve la conscience telle que nous la définissons en spiritualité ?

Lorsque nous regardons ces mêmes marionnettes, nous pourrions espérer y voir davantage d’humanité.
Ces marionnettes auraient-elles donc une âme ?

Lorsque vous côtoyez une personne, vous percevez et saisissez d’elle un certain nombre d’informations résultant de la nature, de la durée, de la profondeur de votre relation avec elle, de votre sensibilité, mais aussi de votre aptitude à l’analyse d’autrui.
Malgré tout, ces paramètres ne vous garantissent jamais de la véritable connaissance de ce qu’est cette personne et de ce qu’est l’âme de cette personne.
Voilà deux aspects bien différents.
Ainsi, vous pouvez côtoyer un conjoint, un parent depuis de longue date et n’être garanti de le connaître totalement. Il en est de même avec les amis ou toute autre relation sociale.
Les simples faits que « tout bouge, tout change », que les êtres humains soient sujets à de nombreux aléas positifs ou négatifs, les amènent à changer en évoluant ou en involuant, ne véhiculant plus forcément le même discours ou les mêmes sentiments. D’où parfois la déception éprouvée lorsque l’harmonie est rompue.

Maintenir sa cohérence et sa loyauté envers autrui devient, dans ce tumulte sourd et lent, une prouesse.

Sans redéfinir ici l’Ātman आत्मन्, pour l’avoir souvent fait, d’un point de vue de la métaphysique yoguique voir conf « Je suis l’océan », nous pourrions simplement envisager ce que peut vouloir signifier « l’âme d’une personne » pour un grand nombre d’observateurs lambda.
Elle pourrait ainsi apparaître comme étant l’aspect le plus conscient et le plus fondamental de l’expression d’un individu dans les moments essentiels de son existence manifestée. Autrement dit, l’aspect le plus absolu dans sa manifestation mouvante.
Au vu des nombreux filtres psychologiques qui peuvent recouvrir cette expression, l’essentiel d’un être peut s’exprimer par des actions simples d’amour et de générosité, mais aussi par le désespoir ou l’égoïsme.

Cette considération relierait le principe subtil de l’Ātman de nature intemporelle et non sujette aux fluctuations de la manifestation, à deux principes plus accessibles et visibles mais changeants, que sont le coeur et l’esprit humains.

Mais l’âme est-elle au-delà de ces sentiments ?

Ne vous est-il jamais arrivé d’avoir la sensation de percevoir l’âme d’une personne comme si deux panneaux s’ouvraient devant vous et que l’évidence de cet être vous soit révélée ?
Quelque chose devient frappant chez elle !

Cela peut s’apparenter à une luminosité plus ou moins brillante qui émergerait d’elle lorsque cette vérité est elle-même lumineuse.
Cependant, toute vérité d’une personne se révélant n’est pas forcément irradiante et peut ne pas relever de son Ātman.
Elle peut être juste la récurrence inébranlable d’un trait majeur psychologique de la personne auquel d’ailleurs cette dernière s’ identifie consciemment ou inconsciemment, l’âme s’affairant bien ailleurs.

Parfois, cela nécessite des années de pratique relationnelle pour saisir l’évidence cachée de la personne.
Devons-nous faire un lien étroit entre le trait majeur psychologique d’une personne et la nature de son âme ?
Pour la métaphysique yoguique, non bien sûr.
Les maîtres considèrent que les hommes dans leur majorité sont ignorants de leur véritable nature et que seul, le chemin spirituel de l’éveil leur permet de rencontrer leur signature vibratoire unique.

Ainsi donc, pour une « âme » qui se révèle à nous, combien restent occultées ?

Beaucoup de personnes s’occultent elles-mêmes de leur propre Soi, ou par manque de cheminement spirituel, ou par l’ignorance et fausses conceptions d’elles-mêmes et de l’existence. Certaines ne montrent jamais d’ailleurs ce qu’elles sont véritablement et peuvent être habiles aux apparences.

3

Il faut être un être libre intérieurement pour laisser transparaitre sa propre luminosité.

Si vous n’avez aucune luminosité intérieure ou si vous ne cherchez pas à l’éveiller, alors rien ne peut transparaitre de vous.

Pour celui qui sait voir l’âme d’autrui, il lui faut souvent assister à la perception directe des âmes embourbées par leur carnation et n’ayant pas réussi à y exprimer leur luminosité.
Nous pouvons observer ainsi beaucoup de marionnettes humaines prenant des vessies pour des lanternes.
On se marie, on fait des enfants, on divorce et on se tue à petit feu… 
Ou bien, on vieillit avec la bonne conscience du devoir accompli, du bon citoyen, du bon travailleur, du bon voisin, du bon père de famille, du bon croyant, etc. mais aucune expression unique fondamentale ne s’exprime.
L’âme reste muette, elle semble ailleurs.

Le chercheur spirituel offre à autrui ce qu’il y a de meilleur en préservant ce qu’il y a de précieux en lui. Il peut parfois ne laisser voir son âme qu’à celui apte à la voir, mais ses mots et ses gestes bienveillants viennent directement d’elle. Il connaît sa signature vibratoire cosmique.
Si la bienveillance est reçue et partagée par des âmes qui se reconnaissent, dans ce monde violent, la gentillesse est plus souvent bafouée par les gens aveugles à qui elle est destinée.
Dans ce cas-là, pour survivre dans ce monde des hommes, le détachement est de mise.

Tout ceci revient à un problème de conscience.

Sans conscience chez l’humain, il n’y aurait pas d’expérience mentale, pas de plaisir, de douleur, pas de sentiments élevés de l’existence. Il n’y aurait pas de sensation de l’âme.
Les images du monde voir conf « Tout est image » que nous percevons en permanence, que nous analysons pour nous repérer et interpréter, resteraient des images non rattachées à nous-mêmes, ne nous appartenant pas.
Elles n’appartiendraient à personne et notre expérience non plus.
Nous ne serions plus singuliers, plus uniques. Or c’est bien ce sentiment de ce qui est propre à moi, de ce que j’expérimente qui détermine mon individualité et mon expérience, ma conscience.
Sans la conscience, rien ne peut être connu. Plus la conscience est vaste, plus le champ informationnel connu est grand. Ainsi, métaphysiquement, la supa-conscience permet l’accès à la connaissance de l’âme individuelle, de même nature que l’absolu intemporel.
La pratique spirituelle méditative développe cette aptitude à percevoir la nature fondamentale d’autrui. Si cette aptitude n’est pas consciente chez vous, il suffit d’y être attentif désormais.
Il vous faut apprendre à voir.

1

D’un point de vue plus général, l’homme, durant son évolution, a développé sa conscience par la créativité engendrée par son obsessionnelle souffrance existentielle. La conscience de la mort fut chez lui, une source puissante d’action plus encore que celle du plaisir et du bien être, même si cela semble le contraire dans nos sociétés nanties d’aujourd’hui.
C’est cette conscience de la mort et le combat pour la survie et la sécurité qui nous ont amenés à ce point culminant contemporain où nous n’avons plus à nous en préoccuper, du moins en urgence et surtout dans nos pays nantis et démocratiques.

Et c’est en effet dans notre société où il semble ne plus y avoir de lutte pour la survie, que le plaisir et le bien être sont devenus des préoccupations essentielles.
Cela occultant chez un grand nombre d’individus, cette incontournable inquiétude existentielle en anesthésiant en eux, l’empathie vis-à-vis de celui qui souffre.

Je ne peux résister au sentiment que la conscience pour un grand nombre, se soit inversement « recourbée », se soit involuée puisque certains prétendent que le culte de l’égo développe ce qu’il y a de plus grand en l’homme.
C’est un discours qui fait écho aujourd’hui. Je doute que les corps siliconés, les divertissements virtuels, les jeux violents and co, soient ce que l’on ait fait de mieux en beauté, intelligence et empathie humaines.

A voir !

Pour revenir à l’évolution de la conscience chez l’humain, la conscience de la mort a été la base des religions et des philosophies.
C’est sous l’effet des sentiments que la conscience est apparue dans l’évolution humaine, positifs comme négatifs.
Négatifs par la tragédie de notre mortalité, positifs par la perspective du plaisir sous toutes ses formes et plus encore par l’amour salvateur et fusionnel pouvant parfois nous illusionner sur l’apparente stérilité de la solitude.
Mort, amour, sont toujours les thèmes incontournables de la créativité contemporaine comme ils furent ceux des tragédies anciennes.
Nous, êtres humains sensibles, sommes désespérés du déclin tragique de notre condition mortelle et sommes en permanence pris au jeu des forces émotionnelles positives et négatives de l’existence.
Nous faisons tout pour anesthésier cela en nous.
Pour beaucoup, cela consiste à vivre à fond ce que les systèmes sociaux leur proposent, cadrés plus ou moins par la morale et le devoir et s’y positionnant par l’acceptation ou la rébellion.
Pour certains, la créativité est l’espace de liberté pour échapper ou sublimer ces forces.
Pour le mystique, c’est le dépassement de ces forces vers la neutralité qui permet de réduire le jeu mental, de se libérer de l’illusion du monde et fusionner avec l’absolu. Chez le yogi, cela se réalise par la fusion des forces praniques d’Iḍā इडा et Piṅgalā Nāḍī पिङ्गला नाडी se réunissant vers la Suṣumṇā सुषुम्ना, demeure de la neutralité parfaite et de la non dualité. Cette fusion permettant de transformer les énergies positives et négatives en un seul courant d’énergie et de conscience qui s’élève ensuite vers les plans subtils où la conscience supérieure se révèle.
A ce moment-là, l’âme individuelle rejoint sa véritable nature et peut briller de son émanation dans la manifestation.
Ce travail nécessite un engagement majeur de longue haleine mais il propose une ouverture, un sens élevé à cette étrange existence.

Beaucoup d’hommes et de femmes sont enchâssés dans une conception nihiliste de l’existence. Ils poussent inlassablement leur lourde pierre vers le haut de la montagne
et la repousse à nouveau après sa énième chute, pour ne jamais atteindre le sommet, comme l’absurde calamité de Sisyphe.
La pratique spirituelle, non seulement vous propose d’atteindre le haut de la montagne sans avoir de pierre à pousser, mais vous invite, une fois arrivé au sommet, à continuer à grimper.
Hari Om tat sat
Jaya Yogācārya

Bibliographie ;
 Réflexions de Jaya Yogācārya
 « Sentir et savoir » d’Antonio Damasio aux éditions O. Jacob

©Centre Jaya de Yoga Vedanta La Réunion & métropole
Remerciements à C.Pellorce pour ses corrections

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